Annick Cojean, présidente du prix Albert-Londres revient avec nous sur les raisons de la remise du prix cette année à Bordeaux et sur la situation des médias. Club de la Presse : Pourquoi avez-vous choisi de remettre le prix Albert-Londres cette année à Bordeaux ? Annick Cojean : Le prix Albert-Londres voyage beaucoup. Une année lire la suite

ANNICK COJEANAnnick Cojean, présidente du prix Albert-Londres revient avec nous sur les raisons de la remise du prix cette année à Bordeaux et sur la situation des médias.

Club de la Presse : Pourquoi avez-vous choisi de remettre le prix Albert-Londres cette année à Bordeaux ?

Annick Cojean : Le prix Albert-Londres voyage beaucoup. Une année sur deux, il est remis en France. Je souhaitais que l’on se rende en régions. Nous avons choisi Bordeaux pour plusieurs raisons. Albert Londres est parti plusieurs fois depuis Bordeaux en reportages, notamment au bagne de Cayenne ou encore en Amérique Latine. En outre, c’est une ville étudiante qui compte plusieurs écoles de journalisme, dont l’IJBA, un grand quotidien régional, Sud Ouest (le seul en PQR à avoir eu trois prix Albert-Londres : Pierre Veilletet, Yves Harté, Jean-Claude Guillbaud) et un Club de la presse.

Club de la presse : Nombre de médias sont aujourd’hui en difficulté financière, les plans de licenciements se multiplient, quel regard portez-vous sur cette situation ?

Annick Cojean : Nous sommes dans une période charnière, celle de l’émergence du journal sur le web et celui « papier », qui est malmené. Mais, on sait que notre métier subsistera, qu’on aura toujours besoin de journalistes. Aucun journal n’échappe à ces moments difficiles. Ce qui interroge le plus, c’est la situation des reporters. Ils sont de moins en moins nombreux à observer les hommes, les conflits à la loupe. Cela ne peut pas être fait par des « deskeurs » à la longue vue. Il faut que ce soit un journalisme de contact. Ceci étant, la plume dans la plaie, ce n’est pas forcément aller au bout du monde. On peut faire de l’investigation près de chez soi. Une chose est sûre, en cette période difficile, plus que jamais, il est important de croire au reportage pour attirer le lecteur et de réaffirmer nos valeurs. Il n’y a rien de mieux que les bons raconteurs d’histoires.

Club de la presse : Justement, avez-vous le sentiment que la qualité des articles a baissé dans la presse ?

Annick Cojean : Nous avons toujours autant de demandes, cinquante en presse écrite et autant dans l’audiovisuel, mais, ces dernières années, le ton des articles a pâli. Les reportages sont bien faits, mais manquent souvent de personnalité, d’engagement, de souffle, de chair. Le style s’amoindrit. Il y a moins d’audace dans l’écriture. Cela est sûrement dû à la politique éditoriale de nos dirigeants qui ne l’encouragent pas assez. Les articles les plus lus sur les sites des médias français ne sont pas forcément les meilleurs… Pourtant, les gens ont aussi envie de twitter les bonnes histoires bien racontées.

Interview : Nicolas César

 

2 responses to “Annick Cojean, présidente du prix Albert-Londres : "Plus que jamais, il est important de croire au reportage pour attirer le lecteur"

  1. Bravo, Annick pour la clairvoyance de ton diagnostic. Il faudrait aller plus loin et pointer les responsables de cet état de fait : ce sont justement, les écoles de journalisme, plus la formation journaliste de Sciences Po qui ont raboté tout dans les journaux à cause du formatage qu’elles on provoqué peu à peu, depuis les années 1990. Interdiction d’employer un vocabulaire raffiné ou complexe, obligation de tout expliquer, d’écrire pour le plus grand nombre : or, ce plus grand nombre n’existe pas et le lecteur est toujours plus intelligent que le mépris à son égard des « penseurs » de la presse ne le laisse supposer.

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