la réaction de Jean Claude Allanic, transmise par le président de l’ODI: Le conseil de presse français déjà enterré? 2014-02-17 Jean-Claude Allanic, http://www.jeanclaudeallanic.com/articles/808-le-conseil-de-presse-francais-deja-enterre Le rapport Sirinelli, remis cette semaine à la ministre de la communication Aurélie Filippetti, peut le faire craindre. A l’exemple de ce qui se passe, sous des formes diverses, dans d’autres pays lire la suite

la réaction de Jean Claude Allanic, transmise par le président de l’ODI:

Le conseil de presse français déjà enterré?

2014-02-17

Jean-Claude Allanic,

http://www.jeanclaudeallanic.com/articles/808-le-conseil-de-presse-francais-deja-enterre

Le rapport Sirinelli, remis cette semaine à la ministre de la communication Aurélie Filippetti, peut le faire craindre.

A l’exemple de ce qui se passe, sous des formes diverses, dans d’autres pays (Belgique, Québec, Italie, Royaume Uni, etc.), un certain nombre de journalistes français*, associés à des représentants du public,  souhaitent la création d’un conseil de presse dans notre pays.

L’accueil favorable de plusieurs syndicats de journalistes (SNJ, CFDT), de certains patrons de presse (comme la Fédération Française des Agences de Presse), d’élus politiques de l’UMP et du PS ainsi que  la décision du gouvernement  d’étudier la question étaient de bon augure.

Ce sont, finalement, des propositions très en-deçà  des attentes qui sont retenues dans le rapport Sirinelli.

Plus question d’un vrai conseil ayant l’appui de la loi (comme le CSA pour l’audiovisuel –radios et télévisions publiques ou privées) avec la possibilité d’instruire les plaintes et critiques des lecteurs et un pouvoir de sanctions essentiellement morales (par ex, rappels à l’ordre publics). On s’orienterait plutôt vers une autorégulation associative « formée d’acteurs volontaires » qui constaterait les dysfonctionnements éventuels des médias et publierait un rapport annuel  très général –donc peu dissuasif-  sur la déontologie. Ce que fait déjà l’ODI (Observatoire de la déontologie de l ‘Information)*.

Ceci me paraît tout à fait insuffisant.

Il est urgent de reconquérir  la confiance du public en restaurant la crédibilité des journalistes. Seule une instance ayant de réels pouvoirs serait en mesure de combattre les dérives médiatiques et d’améliorer la qualité de l’information.

De nombreux confrères craignent – à juste raison- qu’un tel conseil se transforme en censeur, fixant ce qu’il faudrait ou ne faudrait pas faire en matière de journalisme. La liberté de la presse doit, évidemment, rester entière, y compris dans le « droit » de commettre des erreurs.

Un conseil de presse ne peut intervenir qu’a posteriori, en respectant la ligne éditoriale librement choisie par chaque média. Son rôle n’est pas de juger d’un point de vue moral, et encore moins d’un point de vue politique. Pour prendre l’exemple  de la presse people, il ne s’agirait pas de critiquer son existence (ses journalistes ont d’ailleurs, comme tous les autres, leur carte de presse attribuée par la commission d’identité professionnelle) ou sa faible contribution au  « débat des idées ». Le conseil de presse n’interviendrait qu’en cas d’atteintes fondamentales aux règles déontologiques. Pour être encore plus précis, il laisserait à la justice les plaintes contre les atteintes « classiques » à la vie privée mais ne pourrait pas laisser passer des manipulations graves, des harcèlements de personnes  ou des actes de corruption comme cela s’est produit en Angleterre avec « News of the world » et « The Sun ».

Ni « police » des médias, ni « juge des peines », un conseil de presse pourrait plutôt remplir une fonction de « médiation nationale » à la fois dissuasive, corrective et pédagogique. Se faisant, en quelque sorte, comme on le dit aussi  des médiateurs de l’information,  l’avocat du public auprès des médias et l’avocat des journalistes auprès du public.

*Regroupés notamment dans l’APCP (Association pour la Préfiguration d’un Conseil de presse). http://apcp.unblog.fr

ODI : ODI.observatoire@gmail.com

 

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