En fin d’après-midi, après de nouveaux ateliers d’éducation aux médias, la rencontre de Saint André de Cubzac recevait des habitants, des enseignants et des seniors pour un second grand débat sur les fausses nouvelles  « La collectivité a un projet de développement des équipements numériques autour de la fibre, mais pas seulement ». Le vice-président de la lire la suite

En fin d’après-midi, après de nouveaux ateliers d’éducation aux médias, la rencontre de Saint André de Cubzac recevait des habitants, des enseignants et des seniors pour un second grand débat sur les fausses nouvelles 

« La collectivité a un projet de développement des équipements numériques autour de la fibre, mais pas seulement ». Le vice-président de la Communauté de Communes du Grand Cubzaguais, Michaël Fuseau, a accueilli les participants du second débat du 14 novembre au cinéma Villa Monciné, ajoutant « qu’il s’agit aussi d’une œuvre éducative, du public et des scolaires, et que la Communauté de Communes a fait le choix de s’engager à la fois sur le numérique et sur l’environnement (1). L’objectif est de lutter pour un développement durable et citoyen, et ne pas subir les fake news ». Le directeur de Villa Monciné insiste sur le fait « qu’un cinéma n’est pas seulement un lieu pour passer des films, et c’est pourquoi nous avons tout de suite dit oui au projet de Festival. »

Jean Berthelot de la Glétais, le président du Club de la Presse de Bordeaux, a animé ce débat, qui a présenté une originalité : chaque séquence était rythmée par un petit film vidéo réalisé avec des élèves du Cubzaguais. En intro, cependant, parole fut donnée à un célèbre “YouTubeur“, Alban, qui a plus de 80.000 “likers“. « Actuellement, déclare-t-il, n’importe qui peut prendre une caméra et raconter n’importe quoi sur Internet. Le vrai problème est que l’on va donner plus d’importance à une info qui correspondra à ce que l’on croit déjà. » Et de citer un exemple : « Si vous croyez que la Terre est plate, vous allez répandre cette fake news. ». Lui réalise de petites vidéos intitulées « Trois minutes pour comprendre », qui expliquent de manière simple de nombreux phénomènes dans l’actualité. « Mon luxe, avec ces vidéos, est que je ne dois me justifier à personne. Je me fonde sur le travail des journalistes, mais je ne fais pas leur boulot

Alexandre Marsat, journaliste à Curieux.live et rédacteur en chef de Cap Sciences observe que « dans la diffusion des fake news, ce sont les sciences qui sont visées, et notamment celles qui concernent le changement climatique. Dans notre public, l’environnement joue un rôle primordial. »

Pour lui, un média digital peut combattre et expliquer « les a priori collectifs des fake news, grâce notamment au journalisme de solutions, même en milieu rural. Les métropoles ne sont pas forcément l’endroit où il se passe le plus de choses. »

Vérifier l’information

Ce rôle doit également être prioritaire chez les journalistes des autres médias, comme le souligne Frédéric Sallet, responsable de la rédaction numérique à Sud Ouest. « Le Data journalisme offre les moyens de présenter, d’expliquer l’info en fonction du support. Il existait une pratique ancienne, qui s’accélère actuellement, c’est d’aller à la source de l’info pour la vérifier, avec des reportages et des enquêtes. Maintenant on a de très nombreuses données et on veut qu’elles soient fiables. Le risque est alors de se fier à des données insuffisamment contrôlées, ou financées par des lobbies. »

Il cite les nouveaux moyens de vérification des sources, comme les Décodeurs du Monde ou les Fact Checking, ou encore la BBC en radio et en vidéo. Mais cela exige des moyens, et les médias traditionnels rencontrent des problèmes de financement.

La suite du débat va justement tenter de faire le point sur les solutions, à commencer par le niveau local. Renaud Solacroup, rédacteur en chef du journal Haute Gironde, souligne que « les manifs des Gilets jaunes nous ont mis à l’épreuve sur la méfiance vis-à-vis d’un média local. Jusque-là, les journalistes avaient deux ou trois sources, la rédaction vérifie, car cela peut partir dans tous les sens sur Internet. Le grand changement, c’est qu’avant, une institution nous envoyait un communiqué, on le vérifiait et on publiait ou on le refusait. Sur Internet, la personne envoie son message et les gens en font ce qu’ils souhaitent. Notre échelon local n’est pas dans une période de fort changement, mais l’effet est grandissant. »

Jean Berthelot de la Glétais demande à l’association D‘Asques et d’Ailleurs, qui a réalisé avec les collégiens et lycéens du Cubzaguais les petites vidéos de sensibilisation sur le changement climatique, d’expliquer comment les réalisateurs ont pu éviter les fake news.

« Notre aventure est née de la rencontre du cinéaste que je suis, explique Vincent Delbalat, et d’un village, d’un territoire, d’une commune. J’ai pu sortir d’une bulle artistique et entrer en contact avec les habitants. Nous réalisons 60 projets éducatifs par an avec toutes sortes de publics, l’Education Nationale, la culture populaire, le handicap, etc… Nous sommes là pour accompagner des phases de décodage de l’information. »

Olivier Desagnat, qui a animé avec les jeunes l’atelier vidéo, estime « qu’il est plus aisé de travailler avec les lycéens en milieu rural. Ailleurs, en ville on observe un déficit d’attention des enfants, des jeunes. Il y a une pixellisation de l’attention. »

Le remède à ce phénomène ? Pour lui, c’est « se poser, écrire une histoire, avec un jonglage intellectuel indispensable pour capter l’attention des jeunes. »

« Quelles seront vos armes dans le futur ? » demande quelqu’un dans la salle. « Aujourd’hui, répond Frédéric Sallet, Facebook annonce avoir supprimé cinq millions de comptes créés pour propager de fausses infos. Dans un journal on a parfois quelques heures pour vérifier une info. Dans un média en ligne, c’est la course. Il faut à tout prix prendre du recul. »

Pour Alexandre Marsat « il faut choisir avec soin les sources d’information », tandis que Renaud Solacroup « recommande de suivre des sites traditionnels sérieux, par exemple l’INSEE » ?

Le mot de la fin reviendra à Michaël Fuseau : « Je ne crois pas, dans l’avenir, à un Ministère de l’Information qui contrôlerait les fake news, mais à un modèle républicain et démocratique de liberté. »

(Photo Guillaume Marchal)

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  1. La Communauté de Communes organise par ailleurs un Festival Echo Eco les 23 et 28 novembre prochains, le premier jour au Champ de Foire de 14h à 18 heures, et le second jour au cinéma Villa Monciné de 19h à 21h.

    Contacts et infos : 05 54 43 96 37 et 06 87 92 48 24 mail prij@gand-cubzaguais.fr

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