On ne sort pas indemne d’un débat comme celui-ci, surtout lorsqu’il est précédé d’un document filmé. Les témoignages recueillis par Chouchou Namegabe Dubuisson, sur les viols perpétrés pendant les conflits du Kivu, confinent à l’horreur et donnent de la nature humaine un portrait effrayant. Mais comme l’a dit la journaliste congolaise, coordinatrice de l’association des lire la suite

On ne sort pas indemne d’un débat comme celui-ci, surtout lorsqu’il est précédé d’un document filmé. Les témoignages recueillis par Chouchou Namegabe Dubuisson, sur les viols perpétrés pendant les conflits du Kivu, confinent à l’horreur et donnent de la nature humaine un portrait effrayant. Mais comme l’a dit la journaliste congolaise, coordinatrice de l’association des femmes des médias du Sud Kivu, c’est ce que recherchent les violeurs : à travers les femmes, voire les petites filles, « détruire la communauté ».

Même aujourd’hui, alors que le conflit est en partie circonscrit, les « rebelles » usent encore d’ « esclaves sexuelles » dans la forêt.

Comment faire sortir un sujet tabou dans un pays où les femmes n’ont pas la parole et où surtout, elles ne peuvent parler de sexe. Chouchou Namegabe, devant la difficulté à recueillir des témoignages radiophoniques, a créé des clubs de femme auxquelles ont été fournis des postes de radio (apanage exclusif des hommes jusque là). Aujourd’hui 26 clubs existent à travers la province. Les femmes ont finalement accepté de parler. Aujourd’hui, elles utilisent même des téléphones portables qu’on leur a offerts, pour alerter en cas d’agression constatée. Un ordinateur centralise les alertes et géolocalise les appels.

Des résolutions ont été prises par les organismes internationaux suite à ces actions et à l’énergie déployée par leur initiatrice. Mais, rien ne se fait de concret sur le terrain. Personne n’a encore été condamné pour viol. « Viol », un mot qui n’existait pas dans les langues locales et qu’il a fallu importer de Tanzanie !

A la question de Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, « Comment peut-on être journaliste à Bukavu ? », Chouchou Namegabe répond : « beaucoup de menaces », « ordinateur volé avec 500 témoignages enregistrés », mais « en parler, c’est agir » et « quand, il n’y a pas de journalisme, on voit un monde obscur et quand il n’y a pas de journalisme d’investigation, on voit le monde par un petit trou ! ».

Chouchou, vous méritez dix prix Albert-Londres !

Débat ayant eu lieu lundi 12 mai à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine dans le cadre du Prix Albert-Londres « La plume dans la plaie ».

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