Pour Jacques Trentesaux, lancer Mediacités à Bordeaux n’est possible que si des journalistes locaux s’emparent du projet. « Et si Mediacités s’implantait à Bordeaux ? Ce n’est pas pour demain, mais peut-être pour après demain ». C’est ainsi que Jacques Trentesaux l’un des co fondateurs du journal d’investigation local, en ligne, Mediacités, a commencé son intervention jeudi dernier lire la suite

Pour Jacques Trentesaux, lancer Mediacités à Bordeaux n’est possible que si des journalistes locaux s’emparent du projet.

« Et si Mediacités s’implantait à Bordeaux ? Ce n’est pas pour demain, mais peut-être pour après demain ». C’est ainsi que Jacques Trentesaux l’un des co fondateurs du journal d’investigation local, en ligne, Mediacités, a commencé son intervention jeudi dernier au club de la presse. De nombreux journalistes intéressés par l’idée étaient présents et ce ne sont pas vraiment des propositions de piges qui étaient à l’ordre du jour mais plutôt un appel pour développer un partenariat autour de la marque.

Une véritable identité toujours à défendre

Dans un premier temps, Jacques Trentesaux a rappelé ce qui faisait la force de frappe de ce jeune média en ligne qui fêtera ses trois ans d’existence en décembre. « Mediacités est un projet de journalistes, a-t-il insisté, et notre identité repose sur des enquêtes approfondies. Nous avons besoin de telles enquêtes pour la démocratie locale, pour sortir de l’entre-soi, pour jouer un rôle de contre-pouvoir. Nous offrons aussi du temps et de l’espace à ce travail d’investigation et nous nous appuyons sur tout un réseau de pigistes au cœur des villes. Ce sont nos forces vives, des pigistes que nous rémunérons correctement ».  Le prototype Mediacités a été lancé pour la première fois à Lille en décembre 2016 et aujourd’hui le site est également présent sur trois autres villes : Lyon, Toulouse, Nantes. Malgré une vraie reconnaissance professionnelle au sein de l’univers médiatique, près de 2600 abonnés et plus de 1000 enquêtes publiées, ce n’est pas toujours facile pour un tel média de consolider son assise économique. Et Jacques Trentesaux d’expliquer : « Une entreprise de presse, c’est   avant tout une entreprise. Les journalistes ont des compétences éditoriales, plus rarement des compétences économiques ou financières et il a fallu aussi aller chercher de telles aptitudes pour trouver de l’argent. Nous avons fait un appel de fonds et nous avons aujourd’hui une trentaine d’actionnaires dont deux sociétés de presse Mediapart et Indigo Publications, et le reste ce sont des entreprises ou des particuliers qui soutiennent notre projet et notre démarche ». « Aujourd’hui, poursuit-il, nous sommes au milieu du gué, nous dépensons encore plus que ce que nous gagnons mais nous sommes une équipe qui y croit et qui se bat, qui défend son concept, même si notre trésorerie s’affaiblit. Nous serons obligés de refaire une levée de fonds et pour convaincre nos investisseurs du sérieux et de l’utilité de notre travail, nous développons un plan d’actions autour des prochaines élections municipales » Ce plan d’attaque va commencer par un appel aux dons aux abonnés puis le 2 octobre prochain, un nouveau site va voir le jour avec une partie importante dédiée aux prochaines élections locales, site qui intégrera aussi un outil de financement participatif intégré. Des newsletters municipales seront lancées et Mediacités va créer des partenariats avec Mediapart, Libération et France Télévisions, ce qui va permettre au site de consolider sa visibilité. Le co fondateur de Mediacités a également évoqué un important partenariat avec l’ESJ à Lille. L’école de journalisme met à la disposition du média 45 étudiants qui vont accompagner le travail pour les municipales.

A Bordeaux ?

« Nous avons une force de frappe, une marque et un outil, que nous pouvons mettre à disposition » Jacques Trentesaux a été clair. En fait, ce qu’il a proposé lors de son intervention ressemble à un système de franchise de la marque Mediacités, à partir de valeurs partagées. Il confirme : « Le métier vit des moments difficiles, mais il y a toujours des journalistes qui y croient, qui essayent autre chose. Il y a toujours cette envie. Le pire serait de ne pas y croire. Bien sûr, il ne faut pas partir au casse-pipe, pour lancer un tel projet, il faut, au départ, un petit capital de 200 000 euros mais je suis certain qu’à Bordeaux, il y a des investisseurs, des structures…, qui sont prêts à soutenir un tel projet. Nous avons une expertise, un savoir -faire, nous sommes là pour aider, accompagner. Avec 200 000 euros et les abonnés qui soutiendront le site, il faut trois ans pour arriver à un équilibre. Vous avez les réseaux à Bordeaux et nous, nous apportons le concept. C’est ainsi que Mediacités pourra se développer au sein d’autres villes » Se lancer dans une telle aventure et dans l’entreprenariat, correspond aussi pour Jacques Trentesaux, à une autre manière de défendre l’avenir du journalisme.

Marie-Christine Lipani

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