L’ancien grand reporter à Sud Ouest, qui a prouvé ses qualités d’écrivain, sort aux éditions Cairn une monographie avec les illustrations de Christian Gasset. Une bonne idée de cadeau de Noël, pour les Bordelais et les nouveaux Aquitains « C’est un peu « Montaigne pour les Nuls » a-t-il lancé en boutade à notre consoeur Sophie Liskawetz, du lire la suite

L’ancien grand reporter à Sud Ouest, qui a prouvé ses qualités d’écrivain, sort aux éditions Cairn une monographie avec les illustrations de Christian Gasset. Une bonne idée de cadeau de Noël, pour les Bordelais et les nouveaux Aquitains

« C’est un peu « Montaigne pour les Nuls » a-t-il lancé en boutade à notre consoeur Sophie Liskawetz, du Mag(1). Jean Eimer lui a confié que « c’est très audacieux d’écrire sur Montaigne. Il a été célébré par les plus grands esprits, mille et mille fois disséqué au microscope universitaire dans le monde entier : bref, Montaigne ! Il ne cesse d’être à la mode. Et pas seulement parce qu’il a besoin d’être traduit. Sa pensée est si pleine de contradictions qu’on peut (presque) lui faire dire ce qu’on veut. »

Qu’on ne s’y trompe pas : Jean Eimer n’a rien négligé, il a passé de longs mois en recherches et en lectures assidues, rendant fort studieuse une retraite de journaliste.

Mais pour mieux respecter le grand philosophe, il a choisi de « faire parler le fantôme de Montaigne », et à la première personne, plutôt que de le traiter avec distance. Une précaution qui apporte une grande chaleur humaine, gasconne pourrait-on dire, au propos.

Celui qui a été grand reporter à Sud Ouest montrait déjà les prémisses d’une attitude d’écrivain.Un jour, n’a-t-il pas proposé à la rédaction d’aller s’asseoir dans la rue, à Bordeaux, pour écrire « Le journal d’un clochard » (2)? Il s’était placé rue Sainte Catherine avec une pancarte : « Incurable ». Et à un passant qui lui demandait de quoi, de quelle maladie ? il répondait : « Du mal de vivre, monsieur ! »

Mais si l’écrivain est capable d’observer et d’écouter l’humanité qui passe, exactement comme le fit Montaigne il y a cinq siècles, il partage avec son illustre prédécesseur le goût du mouvement (3), et n’oublie pas, comme le rappelle Sophie Liskawetz, le « jeune garçon au sang chaud, tour à tour magistrat, gentleman-farmer, maire, soldat, diplomate, espion… On le suit sous les traits d’un fantôme filiforme qui se faufile partout. Il évoque sa naissance, sa nourrice, son père, ses femmes, le chagrin et l’amitié. » Et elle conclut : « C’est là aussi tout le bonheur de ce livre. Nous rendre Montaigne humain. Tellement humain ! (…) Et on se réjouit que ce bon vieux gascon ait encore ramené sa fraise. »

« Montaigne. Encore un essai ! » de Jean Eimer, illustrations de Christian Gasset, Editions Cairn, 160 pages, 2018, 20 euros

  1. « Montaigne ramène encore sa fraise », Sophie Liskawetz, critique littéraire parue dans Le Mag, supplément à Sud Ouest du 15 /12/2018.
  2. « Le journal d’un clochard », Jean Eimer, Editions Cairn, illustrations de Christian Gasset, recueil des articles publiés dans Sud Ouest.
  3. « Voyage dans les Pyrénées avec un âne », Jean Eimer, Editions Cairn, illustrations de Christian Gasset, recueil des articles publiés dans Sud Ouest, à partir d’une marche sur les chemins de Compostelle.
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