La question environnementale comme un des enjeux politiques majeurs durant ces 40 ans et au milieu les journalistes. « Qu’avons-nous apporté, faut-il seulement donner l’alerte ? » demande Ariane Puccini, journaliste indépendante, membre du bureau, en ouverture du débat organisé durant la fête des 40 ans du Club. A Madrid, la 25ᵉ COP (Conférence des Parties) s’est de lire la suite

La question environnementale comme un des enjeux politiques majeurs durant ces 40 ans et au milieu les journalistes. « Qu’avons-nous apporté, faut-il seulement donner l’alerte ? » demande Ariane Puccini, journaliste indépendante, membre du bureau, en ouverture du débat organisé durant la fête des 40 ans du Club.

A Madrid, la 25ᵉ COP (Conférence des Parties) s’est de nouveau réunie pour encourager les États signataires à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des progrès sont enregistrés mais les décisions sont difficiles à mettre en œuvre. À Bordeaux, en cette soirée-anniversaire, le rôle des journalistes dans le débat mondial, leur responsabilité supposée dans la montée de l’éco-anxiété, sont soumis à l’analyse des trois invités : Daniel Delestre, président de la SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest, 50 ans d’existence), Anne-Sophie Novel, journaliste indépendante, blogueuse, auteure du documentaire « Les médias, le monde et moi » et Sébastien Darcy, journaliste à Sud Ouest, notamment en charge des questions environnementales.

Militant depuis une quinzaine d’années, Daniel Delestre estime : « que les médias, comme les citoyens, se sont saisis d’une façon honnête des questions environnementales. » Des sujets sont plus porteurs que d’autres comme la santé et l’épandage de pesticides. Cependant les journalistes « sont insérés dans une rationalité interne aux titres. Rationalité économique et évolution des consciences ne font pas toujours bon ménage. »

Pas faux, mais selon Sébastien Darcy, journaliste à Sud Ouest, cela pose la question des moyens économiques, intellectuels et de l’indépendance des titres, dans un contexte général marqué par les plans de départs volontaires. Aussi : « quand un média est fragilisé, il prend moins de risques. Nous parlons à tout le monde. Il faut forcément être polyvalent. » Un exemple, les pesticides : « le CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux) ainsi que les militants ont la parole. » Au quotidien, à Sud Ouest, face à un lecteur qui « a envie d’entendre des choses sympa, il faut évoquer le grand contournement de Bordeaux, le vol pour Madrid à 20 € mais je m’attache également à traiter des viticulteurs bio, à valoriser les déplacements à vélo. »

Quand, voici 4 ans, ce confrère a sorti la carte des sites sensibles aux pesticides, il était conscient que ce document « allait sans doute susciter un vent de panique chez les riverains et avoir un impact sur les filières. Depuis, ce sujet est devenu grand public. » Conclusion : « Il faut ouvrir les portes sans les défoncer. »

Face à l’urgence climatique, « la logique médiatique évolue comme au Monde où une vraie guerre est engagée ». Aujourd’hui : « une vision politique de l’écologie s’impose. » Entendu mais faut-il « en faire trop, pas assez ; quand on sait, quel est notre devoir face à une actualité anxiogène ? », enchaîne Ariane Puccini à l’adresse d’Anne-Sophie Novel.
Au journalisme d’impact, la consœur préfère un autre journalisme : « On ne peut plus laisser les gens dans un sentiment d’impuissance. À nous de prolonger les enquêtes en fournissant des clés pour comprendre. » Ce journalisme constructif est l’avenir de la profession, estime-t-elle. « A Nice-Matin, en 2016, la rédaction a voulu dépasser la polémique causée par l’attaque de troupeaux par les loups. » Une équipe a enquêté en Italie. « La valeur ajoutée de l’enquête, le rôle de médiateur assumé par les journalistes furent payantes : ce fut l’article du titre le plus lu en 2016. »

Journalistes pompiers ou pyromanes ou journalistes constructifs et médiateurs ? Le débat a débouché sur une piste consensuelle, semble-t-il.

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