Comment les réseaux djihadistes utilisent-ils les réseaux sociaux, comment les  États et acteurs privés du Net (Facebook, Twitter…) luttent-ils contre leur pouvoir de nuisance ? Vaste question abordée vendredi matin lors de la deuxième journée des Tribunes de la Presse de Bordeaux. « Animer un débat et gérer un débat animé voilà la mission » confiait Nicolas lire la suite

Comment les réseaux djihadistes utilisent-ils les réseaux sociaux, comment les  États et acteurs privés du Net (Facebook, Twitter…) luttent-ils contre leur pouvoir de nuisance ? Vaste question abordée vendredi matin lors de la deuxième journée des Tribunes de la Presse de Bordeaux.

« Animer un débat et gérer un débat animé voilà la mission » confiait Nicolas Beau, journaliste, directeur du site d’information Mediafrique devant une salle comble attirée par le sujet : « Les réseaux sociaux, alliés du djihadisme ?« . Une fois assis à sa place, Matthias  Fekl, ancien ministre de l’Intérieur de François Hollande, consulte à plusieurs reprises son smartphone. L’on a compris pourquoi lorsque la discussion s’est portée sur « les limites de la collaboration avec les djihadistes pour obtenir des informations« . Matthias Felk en vient à parler de « vrais faux experts, à commencer par le panel composé pour ce plateau. » Il évoque ensuite des « contextes équivoques avec certains » avant de développer les raisons de cette mise en cause.
« Oui, j’ai été un moment proche du djihadisme. Mais vous faites référence à un compte-rendu d’audition tronquée par un journaliste » se défend Romain Caillet, chercheur et consultant sur les réseaux islamiques, auteur de « Une histoire du Djihad en France », avec Pierre Puchot.
« Vous le mettez en cause parce qu’il communique régulièrement avec des djihadistes pour un travail d’analyse ?« , demande Nicolas Beau à Matthias Fekl qui  conteste le repentir de Romain Caillet à partir de « déclarations ambiguës sur Internet ». L’ancien ministre de l’Intérieur et l’expert consulté par de nombreux médias, utilisateur de la messagerie Telegram (comme beaucoup de politiques) ne mènent clairement pas le même combat. A l’animateur du débat qui le questionne, « Est-il légitime pour un expert, un chercheur, un journaliste de dialoguer avec des djihadistes ? », Romain Caillet dit « discuter avec des activistes comme des anti activistes » et compare sa méthode aux enquêtes sur le grand banditisme.

Des professionnels aguerris

Les réseaux sociaux, les États, ont-ils réagi tardivement face à la menace ? Peut-être. Mais après les tueries de 2015, année de prise de conscience de la gravité de la situation, s’il existait déjà des parades, des moyens bien plus conséquents furent démultipliés pour traquer des professionnels aguerris, notamment face aux « enfermements algorithmiques » employés par les djihadistes pour attirer étape par étape des sympathisants vers eux. Mais, pour Matthias Fekl « la cyberguerre est devant nous. La propagande sur Internet continue. » Oui les autorités et les réseaux collaborent « dans le cadre de procédures légales mais il existe des garde-fous. »

Sans entrer trop dans les détails, Anton’Maria Battesti, responsable des affaires publiques à Facebook cite la plate-forme Pharos qui « permet un accès direct  dans les deux sens« . Les évolutions technologiques, le déplacement de l’ancien ministre de l’Intérieur français, Bernard Cazeneuve en 2015 auprès des acteurs de la Silicon Valley, ont permis de mieux contrer la propagande djihadiste. »Aujourd’hui 99% du contenu dit terroriste est retiré mécaniquement, 83% dans l’heure, grâce à des techniques de reconnaissance d’images, de vidéos, de textes. » Un partenariat étroit avec les pouvoirs publics, entre plate-formes de réseaux sociaux est en place.
Facebook emploie 150 personnes dans le monde pour l’expertise pointue du terrorisme et entre 15.000 et peut-être bientôt 20.000 pour l’action contre le terrorisme. Ce qui demande des efforts humains (par l’expertise humaine) et technologiques, sans pour autant franchir la ligne rouge : « tout en restant dans la démocratie, il faut une réactivité absolue« , estime Matthias Fekl.

Légende-photo : Romain Caillet, expert sur le djihadisme, répond à Matthias Fekl (en costume) qui a mis en cause la sincérité de son repentir passé, après des déclarations sur Internet. Photo Club de la presse de Bordeaux.

 

 

 

 

 

 

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