Se vacciner contre la rougeole peut provoquer l’autisme ? L’humain n’utilise que 10 % de son cerveau ? La majorité de notre oxygène provient de la photosynthèse des arbres ? Autant de questions sur lesquelles une vingtaine de citoyens ont dû se positionner dans le cadre de l'atelier "Fake or Not". Proposé par le Club de la Presse à l’occasion du Festival International de Journalisme de Couthures-sur-Garonne, cet atelier a été animé avec succès par Florence Heimburger et Thomas Allard, tous deux membres du club.
Le samedi 12 juillet, le Club de la Presse a remporté un franc succès lors du Festival International de Journalisme de Couthures-sur-Garonne. Bon, l’atelier n’a pas vraiment réuni 10 000 personnes, c’était bien sûr une “fake news” pour annoncer la couleur ! En réalité, entre trente et quarante curieux sont venus assister à cet exercice interactif. Seuls 20 chanceux ont pu y participer activement, guidés par Florence Heimburger et Thomas Allard, journalistes scientifiques indépendants et membres du Club.
Au programme : une dizaine de thèmes scientifiques passés au crible, chacun accompagné de trois propositions, une seule étant correcte. Pour corser un peu l’exercice, quatre “désinformateurs” s’étaient glissés dans le groupe pour semer le doute et pousser les participants vers la mauvaise réponse.
Idées reçues vs études sourcées
Les sujets abordés étaient aussi variés que pointus : intoxication au cadmium, fonte de la banquise, intelligence artificielle… Autant d’occasions de revenir sur des idées reçues tenaces. Une fois le groupe fixé sur une réponse, les deux journalistes déroulaient les explications scientifiques et les sources fiables.
Par exemple, si l’on entend souvent que la fonte de la banquise élève le niveau des océans, il a été précisé que la fonte de la banquise arctique n’y est pour rien. Car si les données satellites montrent bien une élévation du niveau de la mer depuis 1992, jusqu’à trois mètres d’ici 2100 selon certains scénarios, c’est surtout à cause de la fonte des glaces continentales (calotte antarctique, glaciers alpins) et de la dilatation thermique des océans. Pas de la banquise arctique, qui flotte déjà dans l’eau.
Si certains thèmes ont fait consensus, d’autres ont suscité davantage de débats, tant chez les participants que parmi le public spectateur. Sud-Ouest oblige, la question de la nocivité du vin en a fait partie. Et oui, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, le vin, comme tous les autres alcools, est nocif dès le premier verre.
Les sciences terreau parfait pour les fausses informations
Pourquoi les sciences sont-elles un terrain aussi fertile pour les fausses informations ? Thomas Allard avance plusieurs raisons : « Les sciences sont un terreau parfait pour les fake news car ce sont des sujets très spécifiques et parfois complexes pour le grand public. »
Et de poursuivre : « Si le principe de fonctionnement d’un vaccin est inconnu pour la majorité, il devient alors très facile de produire une fake news. » Sans compter que les thématiques scientifiques : climat, santé, pollution, touchent directement à notre avenir. Et donc, qu’elles se prêtent bien à une instrumentalisation fondée sur la peur.
Mais durant une heure à Couthures, « même sur les sujets dits “polémiques”, nous avons pu échanger avec le public dans le calme » se félicite Thomas Allard. L’illustration, selon lui, que le problème n’est pas tant dans les sujets eux-mêmes que dans la manière dont ils sont relayés, dans les médias et sur les réseaux sociaux.
De son côté, Florence Heimburger retient surtout une « ambiance bon enfant », une preuve que les journalistes ont un rôle clé à jouer pour déconstruire les fausses informations scientifiques, à condition de prendre le temps d’échanger avec le public.
Texte : Zoé Keneubrœk, journaliste Société et membre active du Club
Crédit photo : Gabriel Taïeb, journaliste et membre actif du Club






