Plus de 10 000 personnes ont pris part au Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF), qui s’est déroulé du 29 au 31 octobre à Bordeaux. Le succès a été salué, tant en raison du nombre d’inscrit.es que de la qualité des échanges qui se sont tenus lors des plénières et des table-rondes. L’une lire la suite

Plus de 10 000 personnes ont pris part au Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF), qui s’est déroulé du 29 au 31 octobre à Bordeaux. Le succès a été salué, tant en raison du nombre d’inscrit.es que de la qualité des échanges qui se sont tenus lors des plénières et des table-rondes. L’une d’elles, intitulée « ESS, des solutions d’avenir pour la presse ? » a été proposée et animée par le Club de la presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine, coorganisée avec Coop-Médias, première coopérative citoyenne soutenant les médias indépendants. L’objectif était de montrer la vitalité du tiers-secteur dans nos métiers, avec les témoignages d’acteurs sur des initiatives récentes.

Directeur de Mediabask, Jean-François Lefort a ainsi raconté la transformations de Mediabask – site d’info du Pays basque nord – en SCIC, société coopérative à intérêt collectif, permettant d’associer abonné.e.s, salarié.e.s et partenaires du média, et de garantir son indépendance. Politis a opté l’an dernier pour une mutation similaire, l’hebdomadaire national étant passé du statut associatif à celui de SCIC, comme l’a expliqué Romain Tord, directeur stratégie et développement du journal. Celui-ci était alors en grandes difficultés financières, tout comme 6 quotidiens locaux du Québec – Le Droit, Le Nouvelliste, Le Quotidien, Le Soleil, La Tribune et la Voix de l’Est -, au bord de la liquidation lorsque leurs salariés ont décidé de les reprendre et de les rassembler au sein d’un même groupe coopératif – un rachat qui a bénéficié de l’expertise de Claude Dorion, de MCE Conseil, qui l’a présentée lors de ce débat au GSEF.

Mais l’économie sociale et solidaire dans la presse ne se résume pas à des sauvetages grâce au statut de coopératives d’entreprises en périls, à l’instar de Rue89 Lyon ou de Nice-Matin (repassé depuis en société « classique »). Hervé Kempf, fondateur de Reporterre, a pu exposer la réussite de ce média en ligne, dirigé par une association et qui fonctionne quasi exclusivement grâce aux dons de ses lecteur.ices.

D’autres grands médias s’appuient sur des fondations, à l’instar de Mediapart, propriété du Fonds pour la presse libre, un modèle inspiré du Guardian, rappelle Stéphanie Lacaze, journaliste à Sud Ouest et récemment auteure d’un mémoire de master à Sciences po Bordeaux sur ce thème (« L’Economie sociale et solidaire, un levier pour l’indépendance des médias : des modèles différenciant au service de la démocratie »).

Le point commun de toutes ces entreprises : la volonté farouche de conserver leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs, au moment où les médias se concentrent dans les mains de quelques propriétaires milliardaires, certains d’entre eux faisant de leurs titres des instruments de propagande au service de l’extrême droite. C’est notamment dans cette optique, pour soutenir un secteur vivace mais fragile, que s’est lancée l’an dernier Coop-Médias. Charles Lucazeau, cofondateur bordelais de cette coopérative, a annoncé que les lauréats de son premier appel à projet seront révélés le 12 novembre à Paris.

Ces acteurs du « tiers-secteur de l’info » témoignent aussi du souhait de développer des modèles « post-capitalistes », selon Hervé Kempf. Ils revendiquent le fait que l’information n’est pas une marchandise, et que la mission de la presse, d’intérêt général, ne peut prospérer avec des objectifs lucratifs, et doit pouvoir compter sur le soutien du public.  

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