Suite à la mise en place du confinement et la fermeture des universités depuis le lundi 16 mars dernier, la situation des étudiant•e•s resté•e•s sur le campus de Bordeaux s’est aggravée. Tous les points de restauration universitaire sont actuellement fermés, l’épicerie solidaire située sur le campus de Talence est fermée et les épiceries itinérantes suspendues lire la suite

 Suite à la mise en place du confinement et la fermeture des universités depuis le lundi 16 mars dernier, la situation des étudiant•e•s resté•e•s sur le campus de Bordeaux s’est aggravée. Tous les points de restauration universitaire sont actuellement fermés, l’épicerie solidaire située sur le campus de Talence est fermée et les épiceries itinérantes suspendues ; les Restos du Coeur localisés à proximité sont eux aussi fermés. 
Mis au courant de cette situation, un collectif d’étudiant•e•s, enseignant•e•s chercheur/chercheuses, précaires de l’enseignement supérieur a commencé à recenser dès lundi 16 mars les besoins des étudiants•e•s [1]. Nous avons pour le moment plus de 500 demandes, et avons à ce jour effectué 320 livraisons. Ces livraisons sont généralement constituées de paquets de féculents, conserves, sauce ainsi que des composants d’hygiène de base. Les colis sont livrés dans les résidences universitaires à chaque étudiant•e•s. Le budget quotidien est d’environ 800 à 1000 euros/jour.  Nous minimisons le nombre de personnes se déplaçant, le nombre de trajets, les contacts en personnalisant les colis. Cette solidarité est possible grace aux quelques 650 contributeurs et contributrices qui nous ont permis de collecter plus de 28 000 euros en moins d’une semaine [2], ce qui souligne aussi que la communauté universitaire est solidaire de ses etudiant•e•s et bien consciente de ce problème.
Notre aide est cependant une aide très ponctuelle et ne saurait tout résoudre. Nous devons répondre aux besoins d’étudiant•e•s très angoissé•e•s par leur situation matérielle et par la situation de confinement (étant déjà dans des zones peu denses en commerces de premières nécessités). Situation de confinement d’autant plus difficile à supporter qu’il.le.s vivent dans des chambres exiguës et souvent vétustes, cohabitant parfois avec des nuisibles (cafards ou punaises de lits). Par ailleurs, le CROUS a pris la décision de ne pas faire payer, à partir du 1er avril, les loyers pour les étudiant•e•s ayant quitté leurs résidences. Cependant, les étudiant•e•s qui sont resté•e•s, et qui sont en fait celles et ceux qui sont les plus précaires financièrement, doivent donc continuer à payer leur loyer. Ce sont ces mêmes étudiant•e•s qui travaillent en parallèle de leurs études et n’ont donc plus de revenus. Nous avons aussi recensé des cas pour lesquels les parents qui soutenaient financièrement leurs enfants ne peuvent plus le faire pour cause d’arrêt d’activité (travailleurs/travailleuses indépendant•e•s, ou CDD non renouvelé, etc) et bien sûr les doctorant•e•s qui font leur thèse hors contrat rémunéré.
La situation des étudiants « en temps normal » est déjà excessivement difficile, faut-il rappeler que:
– 55% des etudiant•e•s excercent une activité rémunérée, 45% seulement considèrent avoir assez d’argent pour couvrir leurs besoins matériels et 22,7% d’entre eux sont confrontés à de graves difficutés matérielles [3]
– le coût de la vie étudiante a augmenté de 2,89% en 2019 à comparer avec une inflation de 1,2% [4]. Dans une métropole comme Bordeaux où la pression sur l’immobilier est très forte cette augmentation est encore plus marquée (+10% d’augmentation) [5]
– près de 20% des étudiant•e•s vivent sous le seuil de pauvreté [6]
Au-delà de tous ces chiffres, faut-il aussi rappeler que la situation de très grande précarité a poussé un étudiant de Lyon à s’immoler par le feu ? Le contexte exceptionnel actuel qui prive de revenu les etudiant•e•s pousse les plus précaires d’entre eux dans la misère. La « guerre » déclarée récemment à l’épidémie doit-elle aussi s’accompagner des victimes collatérales que sont en train de devenir les étudiant•e•s et de façon plus générale les plus précaires ?
Nous exhortons donc toutes et tous à utiliser tous les leviers disponibles pour appuyer les revendications suivantes :
    – la stricte gratuité des loyers depuis le début du confinement, que les étudiant•e•s aient quitté leurs logements ou non.
    – la mise en place d’un service de distribution gratuite de nourriture et de produits de première nécessité efficient.
La solidarité naissante dans la situation actuelle doit s’étendre, il nous faut mobiliser les responsables de nos institutions qui semblent plus préoccupé•es par le sauvetage économique que par celui des plus fragiles.
[4] Enquête : le coût de la vie étudiante en augmentation http://unef.fr/2019/08/16/enquete-le-cout-de-la-vie-etudiante-en-augmentation/
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