Château de Mongenan : parlez-vous l’héxagonal ? Stendhal disait que la parole avait été donnée aux hommes pour dissimuler leur pensée. A l’écoute de certains discours politiques, on se demande si cette affirmation est exacte ou si le jargon employé par les élus et les énarques ne masque pas une véritable impotence à penser. La lire la suite

Château de Mongenan : parlez-vous l’héxagonal ?

Stendhal disait que la parole avait été donnée aux hommes pour dissimuler
leur pensée. A l’écoute de certains discours politiques, on se demande si
cette affirmation est exacte ou si le jargon employé par les élus et les
énarques ne masque pas une véritable impotence à penser.
La langue de bois  a été inventée dans la Russie Tsariste. Mais, depuis,
elle a fait d’immenses progrès. Parlant pour ne rien dire, utilisant un
vocabulaire incompréhensible, bourré de mots forgés pour les besoins de la
cause, l’hexagonal s’apparente à la novlangue de George Orwell qui prévoyait
que ce nouvel esperanto avalerait bientôt tous les autres idiomes de
l’humanité. Les discours politiques enchaînent le plus souvent des phrases
creuses qui ne font de mal à personne mais font cependant de l’effet si
elles sont prononcées avec conviction, du type: « Et c’est en toute
conscience que je déclare avec fermeté que l’aspiration la plus légitime de
chacun au progrès social entraine une mission somme toute plus exaltante
pour moi qui est l’élaboration d’un plan répondant aux exigences légitimes
de chacun et à la satisfaction de ses non moins légitimes revendications ».
Certains Premiers Ministres ont été orfèvres de cette langue. Jean-Pierre
Raffarin est resté célèbre pour ses formules du genre « Il faut corriger les
effets de la proximité par la cohérence et les effets de la cohérence par la
proximité. » Autour d’Emmanuel Macron, on évoque les » géopyges », c’est-à-dire
les agriculteurs ou les culs terreux, la France » dextrophore », ce qui
signifie qu’elle a opéré en élisant ce nouveau Président un sacré virage à
droite. Ce sont là autant de » circumférences », c’’est-à-dire d’expressions
permettant de tourner autour du pot.
Dans la conférence qu’elle donnera le dimanche 12 novembre au château de
Mongenan à Portets, Florence Mothe évoquera ce gouvernement par le verbe
dont rêvait déjà Chateaubriand. Elle parlera des grands orateurs politiques
et de ceux qui ont l’art de faire des discours sans queue ni tête.
Quel est le but de ce nouveau langage ? Doit-il tromper l’adversaire ou
enfumer l’électeur, ou dissimuler le vide d’une pensée confrontée à des
problèmes si complexes qu’on y perd son latin et même son français ?
Entre humour et dérision, révélations  et citations, cette conférence promet
de susciter des commentaires. Et pour ceux qui n’en comprendraient pas
toutes les finesses, ils pourront toujours affirmer avec Robert Beauvais
« que leur énergie conceptuelle est court-circuitée au niveau de sa
médiation. »

Renseignements : château de Mongenan 05 56 67 18 11.

Visite du musée à partir de 14 h.

Conférence suivie de la dégustation gourmande des vins du domaine.

Edouard Philippe

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