Papon

Secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous Pétain, Maurice Papon fut condamné au printemps 1998 à 10 ans de réclusion criminelle. Retour sur cette tranche d’histoire de la collaboration, par Jean-François Meekel de la revue Ancrages.

Complice de l’arrestation et le transport vers les camps de la mort de plus de 1600 juifs dont 288 enfants entre juin 1942 et août 1944. Maurice Papon sera renvoyé devant les Assises de la Gironde pour complicité de crime contre l’humanité, en septembre 1996, seize ans après le dépôt des premières plaintes.Après la première instruction, cassée pour vice de forme, il fallut attendre la seconde pour qu’un jugement soit prononcé. Maurice Papon fut condamné, au printemps 1998, au terme d’un procès de 6 mois, à 10 ans de réclusion criminelle pour complicité d’arrestations illégales et séquestrations arbitraires, complicité de crimes contre l’ humanité.

Pilier de la revue régionale Ancrage, Jean-François Meekel, journaliste à France 3 Aquitaine, avait parallèlement réalisé pour la revue le Passant ordinaire des portraits et des entretiens de plusieurs parties civiles. Ils furent republiés dans la revue Ancrage. Ces témoignages, enrichis de celui d’un des jurés du procès Papon et des dessins d’audience réalisés par Edith Gorren, montrent combien la parole des survivantes et rescapés de la Soah fut plus déterminante que la volonté politico-judiciaire de l’époque et combien le procès Papon a permis « la réception d’une souffrance.»

Par cet ouvrage «  nous voulons encore une fois honorer la mémoire et rappeler le courage, la détermination de tous ceux-là , qui aujourd’hui sont partis rejoindre les leurs » explique Jean-François Meekel.

La persévérance des parties civiles, de la cour présidée par Jean-Louis Castagnède, la parole des témoins, les analyses des historiens, des chercheurs, la masse de des documents épluchés, ont eu raison d’un lourd oubli. Sans le Canard enchaîné qui révéla le lourd passé de Maurice Papon le 6 mai 1981, sans l’opiniâtreté des plaignants, le rideau restait tiré sur la France de la collaboration.

Procès Papon, témoignages des parties civiles, collection « Témoignages vivants », éditions Les dossiers d’Aquitaine, Bordeaux, de Jean-François Meekel, 15€.

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