Le film d’Andrew Rossi reste incontournable pour tous ceux qui s’interrogent 1/ sur l’avenir de la « grande » presse, 2/ sur le métier de journaliste, face à ses principaux défis. Il était projeté mardi 24 mars devant les étudiants de l’ISIC, mastère en communication des organisations, et de l’Institut d’Etudes Politiques, dans le cadre du Printemps lire la suite

Le film d’Andrew Rossi reste incontournable pour tous ceux qui s’interrogent 1/ sur l’avenir de la « grande » presse, 2/ sur le métier de journaliste, face à ses principaux défis.

Il était projeté mardi 24 mars devant les étudiants de l’ISIC, mastère en communication des organisations, et de l’Institut d’Etudes Politiques, dans le cadre du Printemps du Club, sous le label du Club « Journalistes aux écrans ».

Sur l’avenir de la presse, les avis sont toujours partagés. Invité au débat par le Club, Benoît Quémar, est spécialiste de la « disruption » – mot anglo saxon qui désigne le passage du papier à la newsroom de production d’information couplant Internet et journal classique -. Il pronostique sa disparition citant des avis qui placent cette réalité autour de 2030. (Entre 2017 aux Etats-Unis et 2035 en Inde.)

Vers la fin de la presse papier ?

Le pronostic est plus nuancé chez Jean-Marie Dupont, ancien président de la Société des rédacteurs du Monde. Il constate que la presse – en général- est toujours florissante, soit à travers des magazines spécialisés, ciblés pour certains publics, ou des journaux « de niche ».

A chacun son modèle économique

Ce mercredi 25 mars, invité de BFM business, le patron du fonds de soutien de Google France était moins tranché. Cependant, il confirme que la règle du jeu est totalement nouvelle : il n’y a plus un seul modèle économique : publicité, abonnements, achat au numéro. Tout ceci est balayé 1/ par la réorientation des investissements publicitaires vers internet, télé, radio, presse spécialisée, 2/ par la nouvelle façon de consommer l’info : gratuitement, occasionnellement, sur smartphone « first » par « applis » gratuites ou payantes .

Sur ce point – économie de l’entreprise de presse -, le film raconte comment le New York Times a tâtonné et dû revoir ses choix : mur payant (pay-wall) à partir d’une certaine quantité d’informations consommées  (volume), ou plutôt achat de certaines infos réservées (zones) ?

Benoît Quémar déplore, qu’en cette période de mutation, la gratuité quasi générale ait donné de mauvaises habitudes aux « jeunes lecteurs » et laissé croire que l’information de qualité n’a pas de prix.

Mais tout aussi intéressants dans ce film, les coups de projecteur sur les conditions et les exigences du travail du journaliste. De véritables cas d’école… qui se posent au quotidien.

>On y voit, par exemple, le traitement de « l’Affaire Wikileaks », véritable bombe pour un journal et tout un pays. Les sources sont officiellement illégales. Faire confiance ou pas à Julian Assange, ce « whistleblower » (lanceur d’alertes) ? Quel choix face au dilemme enjeux citoyens contre secret d’Etat. Prendre la décision immédiate de publier ou pas ?*

>On y voit un journaliste recruté parce que « marginal », doté d’un regard décalé, travailler l’interview d’un notable accusé de harcèlement. Travail à risques dans un pays judiciarisé, d’où un travail en binôme, avec un coéquipier qui va écrire l’article final.

>On s’interroge avec la rédaction : voyant les images de la chaîne NBC dans un transport des premières troupes qui quittent l’Irak, faut-il considérer l’info comme crédible, sans note officielle du Pentagone ? Faut il embrayer ou faire un ratage ?

C’est passionnant. Pratiquement tous les cas de figure qui interpellent la déontologie, la technique, les doutes, le courage du journaliste sont évoqués.

A voir ou revoir sans aucune modération.

Pour la petite histoire, le film devait être projeté aux Tribunes de la presse en 2012. Au moment de le projeter, on s’était aperçu qu’il avait disparu, sans doute dérobé par un fan… ou un espion es journalisme !

New York Times, un mythe ? Aujourd’hui, dans l’enquête du crash de l’Airbus, c’est encore lui qui mène le bal des révélations

 

Marie Christiane Courtioux

 

Le compte rendu et retour en images des étudiants organisateurs du Printemps du Club

QUELQUES REFERENCES

Acrimed

…Le début du film donne le ton : un dixième de la rédaction du New York Times doit être licencié, à la suite des mauvais résultats économiques du journal. Pour les employés, c’est une première…

Le Monde

Le quotidien ordinaire d’un journal en crise

 

*BFM Business fait le point sur l’aide du Fonds Google et reçoit son directeur Ludovic Blecher.

*Dans l’actualité la plus récente, on vient de voir LE MONDE retirer une information sur le crash aérien après de nouvelles précisions. Pour illustrer la révolution technique et éditoriale, ouvrir le site du journal 20 Minutes montrant la réalité du travail en continu de la newsroom.

L’avis du Journal du Net JDN pourquoi le NYT peine comme tout le monde sur le mobile

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