Après la présentation qu’ils ont proposée à la Maison Ecocitoyenne, le 9 octobre dernier (2012), Claude Ader-Martin, nous confie le texte de son commentaire des photos sélectionnées par Philippe Roy. Un exercice réussi à retrouvé dans le livre publié chez Elytis (MCC) Bordeaux Québec/ Regards croisés Causerie-Diaporama 5500 KM et 18 siècles séparent Bordeaux de lire la suite

Après la présentation qu’ils ont proposée à la Maison Ecocitoyenne, le 9 octobre dernier (2012), Claude Ader-Martin, nous confie le texte de son commentaire des photos sélectionnées par Philippe Roy. Un exercice réussi à retrouvé dans le livre publié chez Elytis (MCC)

Bordeaux Québec/ Regards croisés

Causerie-Diaporama

5500 KM et 18 siècles séparent Bordeaux de Québec.

Il faut bien l’ admettre, aucune histoire commune n’a jamais uni Bordeaux et Québec même si Bordeaux a entretenu dès le 16ème siècle des liens avec ce qui n’était pas encore une colonie française. Il suffit de mettre le nez dans les minutes notariales bordelaises pour se persuader que ce sont bien les pêcheurs qui sont à l’origine du démarrage de l’aventure française au Canada. Alors que Champlain n’a pas encore vu le jour (1570) et que Cartier est déjà reparti ( 1541) des navires morutiers de cent tonneaux sont armés à Bordeaux avec le concours d’équipages basques, et des baleiniers de deux cents à trois cents tonneaux s’équipent dans les ports de Saint Jean de Luz et de Ciboure avec la participation de marchands bordelais. On en dénombre 27 en 1542.

Point de jonction de l’océan et d’une route fluviale, Bordeaux comme Québec sont à des croisements de chemins. Leur histoire à chacune s’explique par ces voies sur lesquelles elles sont construites. Les deux villes sont placées sur un site équivalent : une rade qui facilite le commerce et les contacts avec l’arrière-pays. A dix huit siècles de distance, la destinée des deux cités est fortement marquée par les fleuves qui les bordent.

Incomparables par leur longueur, leur largeur et leur débit sont le Saint-Laurent et la Garonne. Le premier irrigue un million de kilomètres carrés sur 1200 kilomètres de longueur et s’offre une embouchure de 100 kilomètres de largeur. La seconde irrigue 55.000 km² sur 640 km de long et son estuaire girondin, le plus grand d’Europe occidentale, est long de 75 km et mesure 12 km à son débouché sur l’océan. Toutes proportions gardées, les difficultés que rencontrent les navigateurs à y entrer sans encombre sont de même nature. Là-bas comme ici, les bateaux naviguent dans une gouttière étroite- à Québec le tirant d’eau est de 14 mètres, à Bordeaux il n’excède pas 8 à 9 mètres -inlassablement draguée pour assurer le passage des gros navires. Tous les ingrédients d’une navigation à risques d’un côté comme de l’autre sont réunis sans compter la configuration accidentée des deux fleuves qui nécessite des changements de cap mettant en œuvre ici comme là bas le savoir de pilotes qui connaissent leur estuaire jusque sur le bout de leur compas. Sur les bords du Saint-Laurent, leur importance et leur notoriété sont telles qu’un de ces « aiguilleurs du fleuve » du 17ème siècle, Abraham Martin, a laissé son nom à l’un des principaux quartiers de Québec. Si la Gironde a besoin elle aussi de pilotes, elle se passe en revanche du travail des brises glaces qui assurent le passage des bateaux vers les grands lacs américains au moment où le Saint-Laurent est transformé en banquise flottante, c’est à dire de fin décembre à début avril. Un travail qui se fait journellement en lien avec la garde côtière canadienne : au petit matin, « un observateur des glaces » effectue en hélicoptère le survol de la banquise. Il note les nouveaux amoncellements déplacés par la marée, tout particulièrement autour des piliers des ponts et mesure la taille des icebergs dont certains vont devoir être morcelés. Il faut en effet éviter les collisions avec les tankers qui circulent, éviter aussi que la banquise ne forme sur les berges un bloc trop compact qui créerait un risque d’inondation majeure au moment du redoux. L’information est ensuite transmise au brise-glace.. Voici L’Amundsen, brise-glace l’hiver. L’été, c’est un laboratoire flottant qui accueille des scientifiques étudiant les effets du réchauffement climatique dans l’Arctique. Québec est aussi un port qui fut le premier du continent américain au milieu du 19ème siècle grâce au commerce du bois. Actuellement, c’est un port céréalier avec 600 silos d’entreposage mais aussi un centre de manutention des minerais, zinc nickel, fer cuivre , un terminal chimique et pétrolier mais aussi un terminal de croisières.

Si la Garonne pour Bordeaux, comme le Saint-Laurent pour Québec, ont été les moteurs du développement des deux cités de commerce, il est intéressant de noter que chacune des deux villes a connu la même problématique de franchissement. Il faudra attendre les premiers développements industriels pour que les deux fleuves connaissent leurs premiers franchissements permanents. A Bordeaux, la mise en service du pont de pierre signant la fin des traversées en gondole ou en gabarre se fait en 1822. A Québec, dès la colonisation, le fleuve se traverse de manière très périlleuse à bord de canots d’écorce puis de bateaux de bois. Là aussi, les avancées technologiques liées à l’activité florissante du port au début du 19ème siècle favorisent la mise en service du premier bateau à vapeur effectuant la traversée régulière du fleuve à hauteur de Lévis. Le besoin pressant d’un ouvrage d’art se fera sentir plus tard, lorsque la chute du commerce du bois sur laquelle la ville a fondé son essor entraîne la réduction de l’activité portuaire. Le pont de Québec mis en service à la fin de la première guerre mondiale est célèbre autant pour la prouesse technique qu’il représente à son époque que pour les deux tragédies qui l’ont fait rentrer dans la légende. C’est un pont de type cantilever de cinq cent quarante neuf mètres de portée libre et sans câble qui repose sur deux piliers principaux. Son poids est trois fois égal à celui de la Tour Eiffel et sa poutre principale pèse cinq mille tonnes à elle seule. Après un premier accident dû à une faute de conception qui coûte la vie à soixante quatorze ouvriers en 1907, une nouvelle catastrophe entraîne la mort de treize personnes en 1916. La petite histoire raconte que les prières et les sermons d’un curé exhortant les ouvriers à bannir les jurons de leur langage ont enfin assuré la solidité du monstre d’acier propriété de la compagnie ferroviaire Canadien National. Très rapidement, l’essor des transports routiers va ici plus encore qu’en Europe rendre indispensable le passage des voitures et des camions. Québec qui a si longtemps attendu son premier pont verra moins d’un demi-siècle plus tard et en même temps que Bordeaux la mise en service d’un pont suspendu dédié au trafic autoroutier…construit à 200 mètres à peine du premier !

A Québec donc jusqu’en 1917, les hommes n’ont que deux moyens pour atteindre la rive sud du puissant Saint- Laurent en hiver : attendre la formation d’un pont de glace, phénomène aléatoire puisqu’il est entièrement assujetti au refroidissement hivernal dont la date n’est jamais fixe et qu’il peut être emporté en quelques heures par un brusque redoux. Quand il n’y a pas de pont, on s’adresse des passeurs, souvent des Autochtones. Ils transportent leurs passagers à bord de frêle embarcations sur une banquise à la surface inégale et instable. C’est cet exploit que les Québécois réitèrent en hommage à leurs courageux ancêtres chaque année à l’occasion du Carnaval. La mise en bouche se fait dans les rues de Québec au cours d’une compétition qui vise à classer les équipage pour leur ordre de mise à l’eau. Le défi consiste à gagner les quais de Lévis sur l’autre rive du fleuve et à revenir au point de départ, course qui peut durer une demi- heure ou deux heures en fonction de l’état de la glace et de la vitesse du courant. Ces « canotiers » des temps modernes chaussés de crampons poussent leurs esquifs de matériaux composites au milieu des icebergs qui dérivent à toute allure. Quand ils ne pagayent pas en cadence dans le chenal formé par le passage des navires. ..

Contrôler le fleuve, c’est aussi ce que les surfeurs du mascaret cherchent à faire sur l’estuaire de la Gironde et ses affluents. La différence chez nous est que lorsqu’on tombe à l’eau on sait que sauf malchance, on a un peu plus de trois minutes à vivre.

Le premier sujet d’intérêt pour les visiteurs, ce sont les fortifications. Elles fascinent les Américains parce que c’est la seule ville de leur continent à posséder cette caractéristique. Depuis sa création en 1608, la ville a une position stratégique sur le continent nord américain. C’est la porte d’entrée de l’Amérique du nord, point de départ de la colonisation. Capitale du Canada depuis sa construction, elle a gardé son titre jusqu’au milieu du 19ème siècle. Sa grande force c’est l’éminence de son site. Tout bateau qui vient attaquer doit s’approcher avec la marée, puis se retirer avec elle. Son emplacement devient le symboles des luttes que se livrent les empires français et britannique sur le continent nord américain à partir de 1621. Cela explique le système défensif déployé au fil du temps au grès des différentes menaces guerrières qui donneront aux ingénieurs français puis anglais l’occasion de montrer leurs talents à partir de la fin du 17ème siècle.

La ville va en effet connaître 5 sièges en un siècle et demi entre 1629 et 1776.

Le premier est l’œuvre des frères Kirke qui travaillent pour les marchands de Londres. Ceux ci ont obtenu des lettres patente de leur Roi Charles 1er pour se livrer à la traite des fourrures. Ils chasseront Champlain durant trois ans.

Le second en 1690 est une conséquence de la lutte que livre Louis XIV au reste de l’Europe. Elle se double ici d’une guerre franco-iroquoise. Les forces de la Nouvelle- Angleterre sous le commandement de l’amiral Phipps tentent vainement de faire tomber Québec.

A partir de cette date, les batteries de la ville se doublent d’une fortification mais la partie ouest de la ville reste ouverte à l’ennemi. C’Est ainsi que le siège de Québec de 1759 par les troupes du général Wolfe va signer la fin de la domination française au Canada.

Face aux tentatives de reconquête (par François Gaston de Levis) en 1760 les nouveaux maîtres du Canada vont se donner les moyens d’améliorer le système défensif par la construction d’une citadelle orientée vers la ville intra muros, les nouveaux occupants étant assez préoccupés par l’attitude de la population francophone.

Les années 1775-1776 voient un nouveau siège. Celui ci est l’œuvre des insurgés américains contre le pouvoir britannique. Il est urgent de terminer les fortifications.

A l’aube de la guerre anglo-américaine(1812-1814), le système défensif est totalement en place mais il n’aura pas l’occasion de servir.

La citadelle actuelle a été construite en 1830. Elle est le siège du Royal 22ème régiment dit le régiment des « Canadiens Français » qui s’est illustré durant la grande guerre sur le front du nord de la France.

Suite au transfert de la capitale à Ottawa en 1858 et au départ de la garnison britannique, les fortifications apparaissent comme un obstacle au développement de la ville On commence à les détruire. Arrive sur la scène un gouverneur général un peu visionnaire Lord Dufferin. Il freine le mouvement de démolition et entame un processus de reconstruction et de mise en valeur de l’héritage colonial militaire de Québec. Cette sauvegarde jouera un rôle de premier ordre dans le développement touristique de la ville qui démarre dés la fin du 19ème siècle et qui se soldera en 1985 par l’inscription de l’arrondissement historique du vieux Québec au patrimoine de l’UNESCO.

Mais ce qui fait l’unanimité chez tous les visiteurs, c’est le Château Frontenac. C’est le lieu de rassemblement d’où part et où converge la population touristique. Contrairement aux apparences, ce n’est pas un château mais un hôtel construit par le richissime William Van Horne pour célébrer l’arrivée du chemin de fer transcanadien à Québec à la fin du 19ème siècle. Il se dresse à la pointe du Cap Diamant qui domine Québec à 100m de hauteur sur l’emplacement autrefois occupé par la résidence des gouverneurs français, le fort Saint Louis. Il est à Québec ce que Saint- Basile le Grand est à Moscou, une vraie carte postale. L’architecte a fait dans la démesure. Le Château Frontenac a dix huit niveaux, quatre restaurants, trois salles de bal, une piscine intérieure et compte quelques 600 chambres : Le général de Gaulle, la Reine d’Angleterre, Chan Kai Chek, Eisenhower et Lady Diana y ont (entre autres) séjourné. C’est ici que les Alliés se sont mis d’accord pour organiser le débarquement américain du 6 juin 1644. De style néo-renaissance, tourelles crénelées, brique anglaise, des kilomètres carrés de toits de cuivre, c’est une ville dans la ville, sans cesse rénovée pour la rendre plus confortable qui recèle quelques trésors de style art déco de toute beauté.

Le pendant de Frontenac à Bordeaux, c’est le Miroir d’eau et la place de la Bourse devenu lieu incontournable pour les touristes qui viennent y admirer l’architecture 18ème et les mascarons, symbole de la richesse et de la puissance de Bordeaux qui lui valent son inscription au patrimoine de l’Unesco.

Si Bordeaux est horizontale, Québec est verticale. Lorsque Champlain s’installe, il le fait au bord du fleuve, preuve qu’à cette époque, il est plus intéressé par les échanges qu’effrayé par une éventuelle attaque. Mais avec l’arrivée des premiers colons ( 1617), et celle des communautés religieuses, Québec s’organise entre la Basse ville, celle du travail et du commerce, et la Haute ville, celle de la spiritualité (l’église) et du pouvoir. Entre les deux, des côtes abruptes qui vont se couvrir d’escaliers d’abord en bois puis en fer, puis en fonte selon l’avancée des technologies. Certains escaliers s’ornent d’arches décoratives ou de bancs de repos, d’autres honorent les riches commanditaires qui ont favorisé leur mise en place. Au 19ème siècle, ils sont autant de moyens de circulation pour la population ouvrière des chantiers navals ou des usines de textile ou de chaussures des quartiers Saint Roch et Saint Sauveur. Ils demeurent le reflet de ce qu’a été le clivage social dans cette ville jusqu’aux années 70. Aujourd’hui encore, il faut voir l’air surpris des commerçants de la Haute ville lorsque vous annoncez que vous avez trouvé un hébergement très sympathique du côté de Saint Roch ! Imaginez un Québécois qui vous dirait qu’il a trouvé un super B&B rue du Pont de la Mousque !

Un des sujets de curiosité à Québec, c’est la présence de toits de métal. En raison de la menace que constitue le feu, la construction de maison en bois est interdite en 1725. Elle s’accompagne de l’interdiction de construire des toits mansardés au profit de toits à 2 pentes plus faciles à faire tomber en cas de sinistre. Obligation d’ériger des murs coupe feu et de placer les cheminées dans des cloisons de pierre isolées de toute menuiserie. De même, les toits de bardeaux sont interdits et remplacés par de toitures en métal. Les églises , monuments publics et maisons riches se couvrent de cuivre, métal qui offre une grosse résistance aux chocs thermiques, a l’avantage d’une longévité extraordinaire et change de couleur au fil du temps. Les maisons plus humbles se coiffent de toit de métal dit tôle à la canadienne. C’est d’abord du fer blanc obtenu par récupération d’ustensiles divers puis au cours du temps les propriétaires utilisent de la tôle galvanisée inoxydable et maintenant de l’aluminium peint. Quant aux immeubles modernes à toits plats, ils se couvrent pour certains de toitures végétales qui ont l’avantage d’amoindrir les besoins de chauffage en hiver et de climatisation en été comme on peut le voir à la Bibliothèque de Charlesbourg.

Les couvents et églises sont à peu près le seul legs architectural du 17ème siècle à Québec. Ils sont en général construits autour d’une cour carrée sur le modèle de nos châteaux du 16ème siècle et ont pour beaucoup fait l’objet de rénovation comme le Séminaire de Québec dont seules les fondations sont d’origine. Et les quelques maisons qui restent du Régime français ont été rénovées au 20ème siècle pour des raisons de développement touristique.

Après la guerre de Conquête, les autorités s’efforcent d’imprégner la ville de culture anglaise. Le style palladien inspiré de la Renaissance italienne se révèle un bon moyen pour y parvenir . A l’époque où le commerce du bois fait de Québec le premier port d’Amérique, les navires reviennent d’Angleterre chargés de briques qui servent de matériau de construction. Certaines rues du centre ont ainsi la couleur des villes d’Angleterre. A la fin du 19ème siècle, la volonté d’afficher son héritage français, donne à la capitale l’occasion d’adopter un style Second Empire en opposition au style victorien qui caractérise les grandes cités de la côte Est américaine comme Boston, New York ou Montréal. Les toits mansardés refont leur apparition d’autant qu’ils donnent au moment où la ville s’industrialise fortement, la possibilité d’augmenter les superficies habitables. Le Parlement signé par Eugène-Etienne Taché qui s’est inspiré du Louvre est le symbole le plus visible du goût pour l’architecture française. Pas étonnant alors que l’on ait choisi ce lieu pour y installer une ancienne fontaine classique bordelaise des allées de Tourny, oubliée après la seconde guerre mondiale. Elle a été rachetée et rénovée à grands frais par la compagnie commerciale Simons qui en a fait don à la ville à l’occasion du 400ème anniversaire en 2008.

Dans cette cité marquée par un éclectisme architectural exubérant, la présence d’une multitude de fils électriques intrigue souvent. Comment imaginer de les enfouir dans un sol gelé quatre mois par an ? le pragmatisme est naturellement de mise dans une ville qui chaque hiver doit gérer le transport de quatre millions de mètres cubes de neige et le déneigement de 2400 km de rues et de trottoirs pour garantir la sécurité des déplacements de ses résidents et visiteurs.

Eloignons nous du centre pour nous rapprocher des quartiers plus populaires de la ville, le long de la rivière Saint-Charles, et regardons ces anciens logements ouvriers construits au début du 20ème siècle. Maisons de deux à trois niveaux auxquels on accède par un escalier extérieur. Il peut être simple, double, en rangées, en spirales. Ces maisons ont été construites à l’heure du développement urbain pour accueillir les ouvriers venant de la campagne, comme les échoppes bordelaises l’ont été pour héberger les ouvriers du chemin de fer. Ces logements sont conçus un peu de la même manière : trois ou quatre pièces étroites en enfilade. L’escalier d’accès extérieur permet d’optimiser la place tout en réduisant les coûts de chauffage et d’entretien.

Lorsque l’ on a fini de découvrir le charme de Québec il reste à vivre comme les Québécois. Dehors. Le lieu de rassemblement stratégique, ce sont les plaines d’Abraham où s’est jouée la bataille qui a mis fin à l’hégémonie française en Amérique. Chaque hiver s’y déroule un carnaval qui dure quinze jours Tout le monde est de sortie même les bébés emmitouflés de fourrure dont on ne voit que le bout du nez, patineurs, hockeyeurs, skieurs de fond et même des baigneurs. De mai à septembre s’échelonnent des festivals musicaux, des rassemblements sportifs et des spectacles pyrotechniques. Le clou de l’été ce sont les Fêtes de la Nouvelle France où l’on vient de tout le pays célébrer ses racines françaises en costume d’époque. Il ne s’agit pas de pleurer sur le passé, mais d’affirmer haut et fort sa différence linguistique. Lorsqu’on sort de la ville, c’est pour sillonner les sentiers de randonnée et les centaines de km de pistes cyclables qui l’entourent. On peut aller en vélo jusqu’au Mont Saint Anne, qui culmine à 800m d’altitude.

A une demi-heure de route du centre ville de Québec, voici l’île d’Orléans, jardin potager de la capitale. Elle est aux gens de Québec ce que le Bassin d’Arcachon est aux bordelais. Cartier avant Champlain avait noté la présence de vignes sauvages suffisamment nombreuses pour qu’il donne à cette île le nom d’ « île de Bacchus ». Des vignes, il y en a encore qui donnent à goûter un vin rouge corsé à base de plants hybrides résistants aux rigueurs de l’hiver. Les ceps aux énormes feuilles y ont des allures de saules pleureurs et les vendanges s’y pratiquent à date fixe lors du 2ème week-end d’octobre, celui de l’Action de Grâce.

L’été on fait le tour de l’île en admirant au passage les maisons créoles décorées de lambrequins où il fait bon prendre le frais sur la galerie aux heures chaudes en contemplant les bateaux de plaisance qui remontent des grands lacs vers l’Atlantique. Pas question cependant de songer une minute à se baigner dans une eau à 5° qui ne tente guère que les animaux marins !

On le voit, Bordeaux et Québec ne peuvent se comparer.

Les deux villes ont cependant un point commun : leur beauté à chacune s’apprécie depuis la rive opposée. Celle de Bordeaux se déguste depuis la rive droite, les soirs d’été quand la lumière rasante fait danser l’ombre des balcons sur les façades rectilignes des quais. Celle de Québec se reçoit en plein visage depuis Lévis, sa sentinelle : au cru soleil levant, lorsque les toits se parent de festons de glace et que le Château Frontenac a les pieds figés dans le Saint- Laurent.

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