Le Club de la presse de Bordeaux et l’ALIMSO (Association des lecteurs internautes et mobinautes de Sud Ouest), en collaboration avec Sud Ouest et les Aquinautes ont organisé mardi 26 novembre de 17h30 à 20h30 à l’Inseec Bordeaux une soirée débat sur le thème : « L’information a-t-elle besoin de mise en scène ? Que peuvent lui apporter lire la suite

transmediaLe Club de la presse de Bordeaux et l’ALIMSO (Association des lecteurs internautes et mobinautes de Sud Ouest), en collaboration avec Sud Ouest et les Aquinautes ont organisé mardi 26 novembre de 17h30 à 20h30 à l’Inseec Bordeaux une soirée débat sur le thème : « L’information a-t-elle besoin de mise en scène ? Que peuvent lui apporter les nouveaux outils ? »

Visualisation de données, serious game, 3D, médias sociaux, géolocalisation, mobilité, ces dernières années, la révolution numérique a profondément bouleversé le monde de la presse. A Sud Ouest, par exemple, l’ensemble de la rédaction est désormais bi-média, les photographes font maintenant également de la vidéo, des web docs sont proposés sur le site… Cette nouvelle architecture de l’information, s’imprègne du transmédia. Cette notion est apparue en 1991 dans la pub. Il s’agit, pour plaire au public, de raconter une histoire incitative autour d’une marque, d’un produit, en utilisant différentes plateformes (supports techniques, genres narratifs…) et canaux de diffusion ( tablettes, téléviseur, smartphone).

De nouvelles méthodes journalistiques, qui se rapprochent du cinéma

Arnaud Hacquin, directeur de « The Rabbit Hole » est venu nous présenter les dernières réalisations transmedia comme « Killing Kennedy » de National Geographic ou encore L’affaire Pistorius… racontée comme un polar par l’Equipe (http://www.lequipe.fr/explore/pistorius-mortelle-saint-valentin). Autre exemple, David Dufresne, auteur, Toxa et l’Office national du film, en association avec Arte, ont lancé en ligne Fortmcmoney.com, un jeu documentaire trilingue (français, anglais et allemand) sur les enjeux pétroliers et environnementaux de la ville albertaine Fort McMurray, située dans le nord du Canada. A mi-chemin entre le webdocumentaire et le jeu vidéo, l’auteur de cette création David Dufresne (Prison Valley) a tenté de sensibiliser à sa manière les joueurs aux questions de l’après-pétrole. « Ainsi,le public s’immerge dans l’histoire pour une expérience complète et coordonnée », a mis en avant Arnaud Hacquin. Mais, tout ceci a un coût non négligeable. Un journaliste, un web designer et un preneur d’images sont dédiés à ces projets et ils ont pour mission de produire un « Explore » pour 5 000 euros chaque mois.

Télévision et second écran

Un peu plus tard, Morgan Bouchet, directeur TransmediaLab et Social Media à Orange nous a expliqué que demain, télévision et second écran ne devraient former un ensemble cohérent. En outre, « il y aura un player interactif qui permettra à l’utilisateur d’interagir avec le programme lui-même, de cliquer sur la robe d’une star pour l’acheter, de réagir en direct à une série avec ses amis, d’accéder à des bonus… ». Autant de contenus supplémentaires disponibles sur smartphone, tv, tablette avant pendant et après la diffusion.

Le patron de Sud Ouest optimiste pour l’avenir de la presse écrite

Comment les médias peuvent-ils s’approprier toutes ces nouvelles techniques ? « Le problème est que l’on nous demande en quelques années de gérer les difficultés du papier, d’augmenter le trafic sur le Web, d’inventer la TV de demain, tout ceci avec de « petits » moyens. La recherche-développement est infime dans les journaux, ce qui va nous conduire à mettre en place des partenariats « extérieurs », a rappelé Patrick Venries, directeur de publication de Sud Ouest. Sudouest.com a été lancé en 2008 et compte aujourd’hui 13 millions de visiteurs, soit la deuxième audience dans la presse quotidienne régionale en France. Un nouveau forfait sera mis en ligne le 17 décembre avec une partie gratuite et abonnés, « où seront proposés les meilleurs articles pour que les gens fassent la différence », a-t-il poursuivi. Les médias doivent désormais se conformer comme n’importe quelle entreprise, c’est à dire choyer leurs clients, « ce que l’on ne faisait pas auparavant », répondre à leurs besoins… Un nouveau modèle qu’il résume ainsi : écrire un magazine, le traiter sous multi-pages sous formes de bonus et avoir un confrère qui fait une breaking news à la TV. « Je ne peux pas être pessimiste. Il y a une économie derrière tout cela », a-t-il affirmé. Mais, « qui peut consommer autant d’infos. On a l’impression d’un orage permanent qui s’abat », s’est interrogé Alain Ribet, conseiller éditorial d’Objectif Aquitaine et de La Tribune.

L’importance des communautés

Joël Aubert, le directeur du site www.aqui.fr a, quant à lui, insisté sur la nécessité de « créer autour des médias des communautés qui pensent que nos enjeux dépassent nos identités de journalistes ». « La presse écrite est en grande difficulté, la presse numérique, sans modèle économique : que se passe-t-il si celle-ci s’effondre, vous n’aurez plus d’autre choix que l’information politique », a-t-il déclaré pour interpeller le public. Une nouvelle formule est là aussi en cours et devrait voir le jour au printemps prochain.

Le transmedia, mais avec modération

De son côté, Nicolas Becquet, journaliste et développeur éditorial à L’écho de Bruxelles, a mis en garde sur les limites du transmedia. « Il ne faut pas être trop en pointe, au risque d’être en décalage avec les usages des gens, notamment lorsque le lectorat est âgé et faire attention aux projets « vitrine ». Cette montée en puissance des outils numériques n’est pas sans danger. L’information est de plus en plus délivrée par les desks web et de moins en moins par les journalistes terrain », s’est-il inquiété. « Les enjeux de base restent les mêmes : vérifier l’information alors que les journalistes sont de plus en plus pressés par le temps et produire de l’information de terrain », a enchaîné Thierry Magnol, le médiateur de Sud Ouest. Un échange qui a amené entre les intervenants et la salle sur la déontologie et la légitimité des journalistes. Un lecteur a rappelé qu’il avait des souhaits simples : une information vérifiée et qui relève de l’investigation. Par ailleurs, « Le papier est une preuve. Il faut veiller à garder la presse papier et développer le numérique », a-t-il conclu. Les échanges ont été particulièrement riches au cours de ce colloque de trois heures sur le transmedia. Ils ont aussi montré l’intérêt des lecteurs qui, à l’évidence, veulent réfléchir avec les journalistes sur ce que doivent être les médias de demain.

Nicolas César

NDLA: La présidente du Club de la presse de Bordeaux avait en préambule proposé que cette soirée, à laquelle ils ne pouvaient participer, soit dédiée aux journalistes otages en Syrie.

LA DEONTOLOGIE, UN ATOUT D’ACTUALITE

Au cours du débat Marie-Christiane Lipani, chercheur à l’Université Bordeaux Montaigne, IJBA-MICA, a rappelé que le métier de journaliste s’est historiquement  fondé sur l’exigence de la déontologie.

Elle a mis en avant une thèse beaucoup plus forte et actuelle encore dans le cadre des problèmes posés à la presse par l’arrivée des nouveaux outils.

La déontologie est non seulement une exigence professionnelle et éthique. C’est un excellent argument de vente ! La déontologie est monnayable. Elle crédibilise l’article, renforce l’image de sérieux et la confiance du lecteur. Elle fait vendre !

L’information coût cher … mais elle rapporte gros ! ( MCC)

CF : De Marie Christine LIPANI, chercheur à l’Université Bordeaux Montaigne, IJBA-MICA, une bibliographie succinte sur les thèmes en débat:

 

 

3 responses to “Colloque transmédia du Club : nouveaux outils et optimisme

  1. Ne pensez-vous pas que l’intervention d’un sociologue aurait été intéressante pour éclairer ce débat dans le contexte actuel des rapports humains (et pas uniquement techniques et commerciaux)

    1. Si. C’est pour cela qu’on souhaitera faire une suite.
      En attendant, nous avons posté sur le site un sujet sur les dégâts collatéraux des TIC. Bonne lecture
      Et si vous souhaitez poursuivre sur le sujet.
      N’hésitez pas. Je pense qu’on va tous rester en contact.
      Merci de votre avis.

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