Le deuxième rendez-vous d’Aqui.fr, portant cette année  sur « Smart Médias et Renaissance du Journalisme », a mobilisé un public d’environ 200 âmes et, sur scène, une nouveauté de taille. Un second écran occupe l’espace. Les intervenants tournent déjà le dos à un premier écran démesuré qui reprend le programme du colloque, le nom des intervenants sur scène. Alors lire la suite

Le deuxième rendez-vous d’Aqui.fr, portant cette année  sur « Smart Médias et Renaissance du Journalisme », a mobilisé un public d’environ 200 âmes et, sur scène, une nouveauté de taille. Un second écran occupe l’espace. Les intervenants tournent déjà le dos à un premier écran démesuré qui reprend le programme du colloque, le nom des intervenants sur scène. Alors pourquoi en ajouter un autre ?

Au nom de l’interconnexion.

Cet écran, sorte de fenêtre sur le web, présente en temps réel les réactions des internautes sur Twitter sous le hashtag du colloque « rdv_aqui ». Un « live tweet » qui doit apporter le point de vue des internautes à l’aide de ces messages calibrés en 140 signes. Cette animation en perpétuel mouvement parce qu’actualisée sans cesse par de nouveaux messages, ne semble pourtant pas nourrir le débat.

Cette fenêtre ouverte sur une discussion virtuelle parallèle à la discussion réelle, détourne l’attention du public et fait perdre le fil des échanges qui se font sur scène. Le public est tiraillé entre cette envie de suivre les deux conversations en simultané.

Non initiés, s’abstenir

Pour les non-initiés au tweet, la lecture ne se fait pas naturellement. Il faut comprendre et déchiffrer ce langage bicolore ponctué de « # », de « RT », « @ »… Il est aussi assez difficile de cerner les auteurs de ces messages. Qui sont-ils ? Sont-ils présents physiquement au colloque ? ou chez eux derrière un ordinateur ?

Les minutes s’égrainent au rythme de ces interventions web qui créent une impression de flou artistique. Aux considérations inutiles telles que : « RT @Mr_Shuffle2012Toujours au fond : « Les chaussettes de Joël Aubert lui donne un petit côté Mickael Jackson. » #rdv_aqui » se mêlent des reprises de tweet qui forment une accumulation de mêmes messages, l’ensemble ponctué de phrases clé ou de réflexions profondément intéressantes.

Dialogues parallèles ? Pas forcément de sourds !

Le temps d’internet n’étant pas celui du débat, ces tweet à forte valeur ajoutée ne sont que trop rarement repris sur scène. Rapidement noyés sous un flot de tweet inintéressants, ces tweet utiles, ne sont pas repêchés par les animateurs. La gestion compliquée de cette discussion virtuelle, l’incapacité à la relayer, et la difficulté d’en saisir les moments forts font qu’au lieu d’accroitre l’interactivité et l’échange, ce « live tweet » tue le débat.

A chaque instant et pour clore chaque thème du colloque, le public est invité à poser des questions et à réagir au débat. Une fois les micros tendus, c’est le silence absolu. Les tweetos se dérobent, ne formulent pas à haute voix leurs tweet réactions pourtant abondants. Flemme d’exprimer un avis déjà virtuellement donné, peur phobique du micro ou attention accaparée par le « live tweet » ? Autant d’interrogations, sans réponse, qui amènent à la même constatation : une pénurie d’interactions entre tweetos et intervenants.

Karen Bertail

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