Vingt journalistes de Tunisie, Algérie et Mauritanie séjournent à Bordeaux du 16 au 29 septembre, sous le parrainage de trois écoles et du journal Sud Ouest. « Le couple “Médias“ et “Démocratie“ est aujourd’hui mis à mal dans de très nombreux pays. Dans la phase de transition démocratique traversée par la Tunisie, mais aussi la Mauritanie, lire la suite

Vingt journalistes de Tunisie, Algérie et Mauritanie séjournent à Bordeaux du 16 au 29 septembre, sous le parrainage de trois écoles et du journal Sud Ouest.

« Le couple “Médias“ et “Démocratie“ est aujourd’hui mis à mal dans de très nombreux pays. Dans la phase de transition démocratique traversée par la Tunisie, mais aussi la Mauritanie, l’Algérie ou le Soudan, il devient urgent d’accompagner les journalistes africains dans l’exercice de leurs métiers. L’objectif de la plateforme “M&D“ est de leur permettre de contribuer à la construction ou la consolidation de la démocratie. »

Ainsi se présente sur le Web une initiative très intéressante pour la liberté de la presse et des médias, et la formation professionnelle des journalistes. Pour la quatrième fois, “Médias & Démocratie“ a invité vingt journalistes à se former au sein de la rédaction d’un média en France. Cette année, l’action associe l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) de Tunis, l’Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA), l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), l’Ecole nationale de journalisme et des sciences de l’Information (ENJSI) d’Alger et le journal Sud Ouest à Bordeaux. Portée par “Médias & Démocratie 64“, la formation est coordonnée par Olivier Piot, journaliste, auteur du livre : « La Révolution tunisienne, 10 jours qui ébranlèrent le monde arabe » (Editions Les Petits Matins – 2012).

La session a lieu du 16 au 29 septembre. Le 23, le Club de la Presse les accueillait pour une présentation d’activités et la réponse à leurs questions.

« Le Club organise régulièrement un accueil comme celui que l’on vous fait aujourd’hui, notamment pour les journalistes pigistes, nombreux parmi nos membres, a souligné Philippe Loquay, notre vice-président, mais nous sommes particulièrement heureux de recevoir des consœurs et des confrères de pays éloignés. A commencer par l’Afrique, avec laquelle nous avons de nombreux liens. »

Il présente les installations du club, de la “salle Pierre Cherruau“ pour les conférences de presse à la “Tour de piges“, bureau ouvert en permanence pour les journalistes pigistes, en passant par la coordination assurée par Laura Bonvalot.

« Nous proposons également des débats sur le métier, et des formations agréées par l’AFDAS, comme par exemple « Comment produire des images pro avec un smartphone » ou très prochainement, l’usage et le fonctionnement des podcasts. »

Il décrira les publications, du site à la newsletter réservée aux membres, en passant par l’annuaire qui réunit 460 membres dits “actifs“ (les journalistes titulaires de la carte de presse) ou “associés“ (les communicants ), ainsi que les représentants d’autres professions des médias et les étudiants. « Nous enrichissons cet outil avec les nouveaux médias numériques, précise-t-il, en repérant les blogueurs les plus sérieux ou les sites qui dépassent l’amateurisme. Aujourd’hui, face à la réalité, nous accueillons comme membres des personnes qui n’ont pas de carte de presse ou pas encore, mais qui suivent notre éthique. C’est la catégorie “Autres professionnels des médias“ ».

Communauté d’échanges

Marie-Christine Lipani, chargée de mission pour la parité et la formation professionnelle, et par ailleurs maître de conférences à l’IJBA, insistera sur le fait « que le Club est un lieu où l’on confronte nos problèmes, des pigistes aux collectivités et au statut des journalistes. La mise en commun est très importante. » Elle fait valoir qu’un club de la presse n’est pas un syndicat mais « un lieu d’échanges et une communauté où des professionnels se connaissent depuis vingt ou trente ans. Si quelqu’un a un problème juridique, on va plutôt l’orienter vers un syndicat.» Elle rappelle qu’en France, « on s’est beaucoup battu pour la carte de presse. Grâce à elle les journalistes ont un statut et une convention collective. »

Fabien Pont, médiateur de la rédaction de Sud Ouest et chargé de l’accueil du groupe au journal souligne « qu’il existe des structures semblables en Algérie, en Mauritaine et en Tunisie. » Il expliquera aux stagiaires le fonctionnement de la carte de presse en France, ainsi que des nombreuses lois qui protègent les individus, « comme celle sur la propriété de l’image, qui interdit notamment les gros plans de personnes sans leur autorisation. »

Richard Hecht, le secrétaire général du Club, explique « que le Club participe aux travaux de l’Observatoire de déontologie de l’information (ODI) sur la création d’un Conseil de presse. Nous essayons de mettre en place une structure tripartite avec les journalistes, les employeurs et les citoyens. Cela fait débat, car certains disent qu’on n’a pas besoin d’un conseil de l’ordre, mais il s’agirait plutôt d’un conseil de régulation. »

A une question d’une stagiaire sur l ‘impact de l’affaire des “gilets jaunes“ sur le travail des journalistes, il répondra « qu’il y a eu deux niveaux : celui des manifestations, et celui de la “castagne“. Il était difficile pour les journalistes de réunir des infos auprès de sources aussi différentes que des militants très divers. Il y en a qui sont des “rapporteurs“ d’événements, pas des reporters. On ne dit pas que certains ont plus le droit que d’autres de travailler, mais nous avons une éthique. »

Dans la fin du débat, il sera encore question de la déontologie face à la publicité, de la clause de conscience, des relations avec les sources et des grands sujets de société, ainsi que de l’éducation aux médias.

Le groupe de stagiaires poursuit son travail à Sud Ouest Bordeaux jusqu’à la fin de la semaine.

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Une plateforme exemplaire

La plateforme “Médias & Démocratie“ vise à aider des journalistes africains (jeunes en fin d’études et professionnels) à construire les savoir-faire indispensables aux médias africains pour accompagner la transition démocratique dans les différents pays du continent.

A partir des liens complexes que tisse le couple “Médias“ & “Démocratie“, l’équipe pédagogique de M&D a élaboré une formation originale articulée entre actualité, éthique et immersion dans une rédaction en France. Avec deux volets : Une formation “théorique“ dispensée à l’IPSI (Tunis) autour de 5 modules thématiques conçus par M&D. Et une formation “pratique“ dans la rédaction du journal Sud Ouest, au siège bordelais du groupe, pour des rencontres avec des acteurs locaux (médias, syndicats, police, etc.) ainsi que des débats, conférences et ateliers à Tunis et Bordeaux.

La première semaine “théorique“ qui se déroule à l’IPSI à Tunis, représente une formation (en français) de 30 h pour les 20 stagiaires. Elle est ponctuée par deux conférences : à l’IPSI et à l’IFT, en présence de divers intervenants journalistes, français et africains.

La semaine d’immersion “pratique“ a lieu à Bordeaux au sein de la rédaction du quotidien Sud Ouest. Avec une visite à l’Ecole pratique de journalisme de Tours (EPJT), ce second volet compte également deux débats et un colloque de clôture, à Bordeaux, en présence de journalistes invités, français et africains.

La formation et l’animation des conférences sont assurées par “Médias & Démocratie“ qui fait appel à six journalistes professionnels français, tunisien et algérien : Olivier Piot, grand reporter indépendant (Le Monde Diplomatique, Géo, Le Monde Afrique) formateur au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ). Avec Fabien Pont , Médiateur à Sud Ouest, Laurent Bigot, Directeur de l’EPJT, Manoubi Marouki (La presse), Hanene Zbiss (Inkyfada), Lyas Hallas, journaliste (Alger) et Rym Benarous (Le Temps).

En 2019, “Médias & Démocratie“ est lauréate de “MediaLab Campus“, un projet inscrit par CFI Développement des Médias dans la stratégie internationale pour la langue française et le plurilinguisme. M&D s’inscrit également dans la volonté de la Région Nouvelle Aquitaine de développer les échanges avec les pays du Maghreb. Grâce au soutien de trois Ambassades de France (Tunisie, Nouakchott et Alger), l’action associe pour la première fois des journalistes d’Algérie à son dispositif.

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