A l’initiative de l’Observatoire de la déontologie de l’Information (ODI) Bordeaux 5.0 * Jean-Michel Lambert Juge d’instruction dans l’affaire Gregory Villemin Sera le grand témoin d’une rencontre-débat sur le thème Les relations presse-justice et traitement des faits divers : quelle place pour la déontologie ? Le mercredi 21 janvier 2015 à 17h30 à l’IJBA (Plateau lire la suite

A l’initiative de l’Observatoire de la déontologie de l’Information (ODI) Bordeaux 5.0

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Jean-Michel Lambert
Juge d’instruction dans l’affaire Gregory Villemin
Sera le grand témoin d’une rencontre-débat sur le thème

Les relations presse-justice et traitement des faits divers : quelle place pour la déontologie ?

Le mercredi 21 janvier 2015 à 17h30 à l’IJBA (Plateau Télévision)

Université Bordeaux Montaigne -1 place Jacques Ellul, Bordeaux. Tram C, arrêt Sainte Croix.

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Une rencontre exceptionnelle.
Plus de 30 ans après une des affaires criminelles qui reste irrésolue, et l’une des plus sordides et des plus mystérieuses,
le juge Jean-Michel Lambert, qui vient de publier « De combien d’injustices suis-je coupable ? » interviendra sur les défaillances du système judiciaire et sur les relations presse-justice.
Il répondra aux questions des journalistes Yann Saint Sernin (Sud-Ouest), Alain Dusart (L’Est Républicain)Philippe Bernes-Lasserre (AFP) et des étudiants en journalisme de l’IJBA.

Débat animé par Marie Christine Lipani, chercheure en journalisme, directrice adjointe de l’IJBA

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Cette soirée marque le lancement officiel de l’ODI Bordeaux 5.0, composante de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information (ODI),

et se déroule en présence de Patrick Eveno, historien des médias à la Sorbonne (Paris 1) et président de l’association nationale. Depuis 2012, l’ODI, à travers sa veille sur les pratiques médiatiques et le respect des règles éthiques et la publication d’un rapport annuel à partir de ses observations, cherche à faire progresser la démarche déontologique au sein des médias.

(Rencontre avec la presse à 19h30, à l’issue des débats)

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Entrée libre

*En partenariat avec l’ALIMSO et la Librairie Mollat

 

Bienvenue dans le monde de l’injustice

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Le dernier livre du juge Lambert « De combien d’injustices suis-je coupable ? » (Editions Cherche Midi 2014) dresse un portrait sans complaisance de l’institution judiciaire

Un monde aux règles ésotériques, avec des histoires de gros sous, des discussions de marchands de tapis, et des réformes inspirées du roi Ubu… Cet univers « impitoyable » ainsi décrit n’est autre que le système judiciaire analysé par Jean-Michel Lambert qui exerça comme juge pendant 34 ans et qui fut le premier juge d’instruction de l’affaire Gregory Villemin, du nom de ce petit garçon de quatre ans retrouvé noyé dans la Vologne (Vosges) le 16 août 1984 à 21h30. Une affaire sordide qui très vite quitta le statut de simple fait-divers pour devenir une affaire extraordinaire, symbole de tous les dérapages au sein des médias, de la justice ou encore des forces de l’ordre.

Jean Michel Lambert, que les journalistes avaient qualifié de « petit juge »
au moment des faits, sans doute, en partie en fonction de sa jeunesse (il avait 32 ans au départ de ce drame), reste marqué par cette histoire hyper médiatisée, qui aujourd’hui encore demeure dans tous les esprits parce que l’on ne sait toujours pas qui est l’auteur de ce crime odieux, geste abject reposant sur des secrets de famille, des jalousies, des rivalités et des histoires de vengeance et de corbeau.

Le juge Lambert se retrouva vite sur le devant de la scène médiatique parce qu’il inculpa Bernard Laroche. Celui-ci, par la suite, après sa libération, fut tué par Jean Marie Villemin le père de Gregory alors que le juge, persuadé de son innocence, s’apprêtait à prononcer un non-lieu en faveur de Laroche. Jean Michel Lambert le dit :  « je suis l’un des artisans de cette abjection (…) voulant croire à sa culpabilité quand la simple chronologie des événements démontrait à l’évidence qu’il n’avait pas pu tuer le petit Gregory ». Et d’ajouter « au moins ai-je fini par mesurer toutes les incohérences du dossier. Tous ne l’ont pas fait ».

On l’a compris, dans son dernier livre « De combien d’injustices suis-je coupable ? », le juge, aujourd’hui à la retraite dresse un portrait au vitriol du système judiciaire, sans renier ses propres défaillances et ainsi rappelant au grand public que la dimension humaine a toujours un impact important au sein des différentes organisations sociales qu’il s’agisse de la justice ou des médias.

Ce livre témoignage est aussi un plaidoyer pour une justice plus équitable : le juge, par exemple, dénonce les systèmes d’indemnisation des victimes qui pénalisent ceux qui en ont le plus besoin. Pour lui, les législateurs qui « bricolent des textes confus » ont aussi une part de responsabilités majeures dans ces dysfonctionnements. Il dénonce aussi la pression des médias qui empêche les magistrats de travailler en toute sérénité et s’étonne de l’influence des experts tels que les psychiatres dans les affaires criminelles qui souvent n’ont rencontré qu’une seule fois la personne mise en cause. Et d’insister : « ils ne détiennent pas la science infuse. (…) Lorsque la liberté et la dignité d’une personne est en jeu, l’influence des experts est effrayante ».

Cet ouvrage fort bien écrit avec parfois beaucoup d’humour et de dérision, se lit comme roman tant il interpelle le lecteur. Il laisse une sorte de goût amer dans la bouche tant l’institution judiciaire, comme la presse d’ailleurs, apparaît comme un monde imparfait. Mais dans certaines affaires comme ce fut le cas autour de la mort du petit Gregory, sans doute faut-il redouter davantage encore le verdict des médias, plutôt que celui des juges… mais ceci est un autre débat.

Marie Christine Lipani

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