Le Club de la Presse de Bordeaux est un lieu de rencontres professionnelles entre les journalistes et leurs sources, les communicants, mais aussi un espace d’échanges et de discussions entre journalistes, sur les grandes questions du métier et de l’actualité. Le président Jean Berthelot de la Glétais a souhaité approfondir le rôle de l’association au lire la suite

Le Club de la Presse de Bordeaux est un lieu de rencontres professionnelles entre les journalistes et leurs sources, les communicants, mais aussi un espace d’échanges et de discussions entre journalistes, sur les grandes questions du métier et de l’actualité. Le président Jean Berthelot de la Glétais a souhaité approfondir le rôle de l’association au cours de plusieurs forums. Le premier regroupait journalistes et étudiants en journalisme.

« Le Club fête en 2019 ses 40 ans. Ce bel anniversaire, que nous célébrons au fil d’événements variés, est aussi l’occasion d’une réflexion de fond sur le rôle que peut et doit jouer le Club. Celui-ci est un outil formidable, à la fois pour le cadre qu’il propose, mais surtout parce qu’il peut permettre un travail commun, une collaboration pour réfléchir ensemble à l’évolution de notre métier, aux multiples enjeux déontologiques, technologiques, sociaux, qui le traversent. Dans le contexte très particulier qui est le nôtre, où se créent de très belles opportunités autant que beaucoup de précarité, il est précieux d’avoir cet espace de réflexion, d’échanges, de solidarité.

Nous allons ainsi mener une série de réflexions, de forums, à destination de celles et ceux qui composent le Club ou pourraient le rejoindre. »

Tel était l’appel lancé par notre président pour le nouveau type de rencontres professionnelles, qui va désormais se dérouler régulièrement. Le premier forum, le 13 juin dernier, a eu lieu avec les journalistes et étudiants en journalisme dans la salle de l’Inox, au rez-de-chaussée du Club de la Presse, rue Fernand-Philippart. D’autres forums sont prévus avec les communicants et étudiants en communication, puis les acteurs de l’information à la rentrée. Enfin, un forum commun permettra de restituer les échanges et de définir l’orientation du travail du Club.

Contre l’isolement

Après les mots de bienvenue du président, Elsa Dorey, responsable du pôle pigistes, surnommé la « Tour de Piges » car situé au deuxième étage de l’immeuble, a souligné que l’idée de base du Club est de proposer des services à des professionnels. « Quand je suis arrivée, je me suis intéressée à des projets pour les journalistes pigistes. Je me suis demandé quelle est la chose la plus pesante pour un pigiste. Réponse : c’est l’isolement. »

L’idée est donc venue d’utiliser une petite pièce au deuxième étage du Club pour offrir un espace de travail permanent aux pigistes. « La Tour de piges organise une fois par mois des ateliers sur des sujets très variés, comme par exemple le data journalisme. Nous cherchons des gens prêts à s’y investir.»

Les journalistes honoraires (les retraités) ont déjà répondu à cet appel, et deux ateliers ont porté sur l’actualité des médias et la recherche de piges, avec l’appui documentaire des anciens. Ceux-ci précisent avec humour « qu’ils ne restent pas dans un coin formol et veulent être des personnes-ressources au club ».

Jean Berthelot de la Glétais estime que « la question des bonnes volontés dépasse la Tour de piges, nous avons 130 journalistes sur 450 adhérents, donc soit certains à Bordeaux ne connaissent pas le Club, soit on ne répond pas assez à leurs attentes. »

Klervi Le Cozic, une journaliste pigiste qui a travaillé sur les divers médias, locaux et nationaux, en radio, presse écrite et web, trouve « excellent que le Club se positionne sur des thématiques, condamne des choses quand il le faut », tandis qu’Amélie Kolk, l’une des animatrices de la Tour de Piges, estime que le Club a un rôle de prise de parole commune, et avance des propositions de thèmes à venir comme « la parité et la lutte contre le harcèlement ».

Pour Marie-Christine Lipani, enseignante chercheuse à l’IJBA et membre du CA, le Club ne doit toutefois « pas se présenter comme le garant des bonnes pratiques : c’est l’Observatoire de la Déontologie de l’Information (ODI) qui joue ce rôle. » Et elle ajoute « qu’à l’initiative du gouvernement et de l’ODI, il y a une réflexion nationale sur la création d’un conseil de déontologie de l’information ».

Le président rappelle que le Club est membre de l’ODI, et Philippe Loquay, vice-président, note « qu’il y a de moins en moins de rubriques médias dans tous les supports, et que le Club doit d’abord informer » sur le monde professionnel. Il évoque l’activité importante du site, de la lettre et des comptes Facebook et Twitter, « avec une équipe réduite de volontaires. »

Solutions concrètes

Arnaud Schwartz, le directeur de l’IJBA, estime « qu’il y a un combat commun à mener, et que le Club de la Presse semble tout à fait légitime pour définir la place du journalisme dans la société, son importance, sa responsabilité sociale. Cela peut être un métier qui dérange, mais c’est un métier nécessaire. » Il cite une consœur qu’il a entendue aux dernières Assises du Journalisme de Tours : « Je ne souhaite pas que l’on m’aime comme journaliste, je veux être cru dans mon travail. » Et il insiste sur la lutte contre les « fake news ».

Les échanges tourneront ensuite autour des solutions concrètes à proposer dans la vie du Club.

Pour Elsa Dorey, un point important de travail pourrait être « de voir les différentes manières de faire un papier entre les générations, évoquer le problème de la subjectivité, celui du lien entre les médias et la population, entre les journalistes et leurs employeurs et la déontologie aujourd’hui. »

Simon Barthélémy, rédacteur en chef de Rue89 Bordeaux, pose « le problème de la dimension recherche et développement du Club afin de maintenir le vivier de médias locaux et les liens avec les institutions locales. »

Le président partage cet avis et souhaite « la création au club d’un laboratoire recherche et développement, pour réfléchir aux évolutions du métier ».

Autre piste à explorer davantage, celle de l’éducation aux médias, qui ne concerne pas seulement le monde scolaire : lors de la crise des gilets jaunes, un manque d’expérience dans le contact avec les médias est apparu, et le club a joué son rôle de lien. Simon Barthélémy évoque les résidences de journalistes avec le CLEMI, avec les interventions dans les établissements scolaires, et le président demande « que l’on examine le rôle que peut ici jouer le club, avec quelle méthodologie, quelle mise en œuvre. »

Le débat reviendra sur l’initiative de rencontre entre pigistes et seniors, à propos des moyens de prolonger le travail de Philippe Loquay sur l’atelier actualité des médias.

« Un excellent travail, note Amélie Kolk, qu’il faut absolument pérenniser. ». Philippe Loquay souligne « qu’il arrive beaucoup de documents au club, par des abonnements ou autres, mais qu’il faut les traiter ». Elsa Dorey confirme, et remarque « que l’on n’a pas trouvé encore la bonne régularité. ». Simon Barthélémy évoque « ce que font d’autres ailleurs, comme Ouest Médias Lab, il faudrait créer des sortes de boîtes aux lettres pour aider les lanceurs d’alerte pour des enquêtes au niveau local. »

Pour Marie-Christine Lipani, « c’est un travail considérable, on le voit à l’Académie de journalisme de Neuchâtel qui a décidé de recenser toutes les initiatives des médias locaux pour les relancer avec les publics. » Elle estime qu’il faut aussi mettre en exergue la place des femmes dans les médias. « L’association des journalistes de Toulouse (AJT) a créé un « Annuaire des Expertes », à l’échelle de leur région, pour signaler la place et le rôle des femmes. »

Enfin, une question importante, maintes fois revenue dans la vie du club, est celle des relations entre journalistes et communicants. Ceux-ci représentent 200 membres au club. Jean Berthelot de La Glétais témoigne « n’avoir jamais été harcelé par les communicants : je n’ai jamais ressenti la moindre pression particulière. S’ils n’interfèrent pas sur notre manière de travailler, s’ils respectent notre éthique, cela peut être une richesse. Ils font partie des sources, pas la seule ni la principale, mais leur présence au club est normale. »

Agnès Védrenne, journaliste à Sud Ouest, rappelle « que l’on sépare nettement l’information et la communication dans la convention collective, et donc cela doit rester distinct en termes éthiques. »

Le prochain forum du club portera justement sur la place et le rôle des communicants, à la rentrée de septembre.

Pour faire connaître aux journalistes qui ne viennent pas encore au Club, ou qui ne connaissent pas son éthique, les dispositions en vigueur depuis le dépôt de ses statuts, plusieurs propositions fusent : « se présenter dans les médias, présenter les liens avec les autres clubs, servir de relais d’infos, faire des petits déjeuners pour présenter les médias locaux, remettre l’annuaire dans des médias différents, inviter chaque mois un rédacteur en chef à une « Carte blanche », bref, aller davantage expliquer l’action du club auprès des consœurs et confrères de tous médias.

Conclusion du président :  « Un appel est lancé pour que des commissions se créent au sein du club sur toutes les idées énoncées ici. C’est un appel à volontaires et à agir ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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