La question se pose depuis la naissance du web. La France, avec en particulier la loi Hadopi, apporte une réponse positive à la question. Mais le type de contrôle supportable n’est vraiment pas le même pour tous. Florilège de points de vue entendus lors du débat des Tribunes de la Presse sur le contrôle d’Internet. lire la suite

La question se pose depuis la naissance du web. La France, avec en particulier la loi Hadopi, apporte une réponse positive à la question. Mais le type de contrôle supportable n’est vraiment pas le même pour tous.

Florilège de points de vue entendus lors du débat des Tribunes de la Presse sur le contrôle d’Internet.

Pour Pierre Haski, fondateur de Rue 89, « il n’y a pas d’activité au monde qui ne soit pas contrôlée ». « Il faut une régulation, pas une modération a priori, car il faut se méfier des gens qui viennent en bande pour marquer des points ». Hélas, « les décideurs ont un train de retard à chaque étape : des entreprises qui n’existaient pas il y a dix ans ont pris une place considérable ».

Pourtant, « la question est éminemment politique, le président d’Hadopi propose d’ailleurs de transférer son pouvoir au Parlement ».

Emmanuel Parody, journaliste spécialisé dans les technologies de l’information, situe d’abord la question sur les plan économique et juridique, par exemple sur la question du « droit à l’oubli » que revendiquent de nombreux particuliers passés à l’âge adulte, soucieux de ne pas se voir opposer les images de leur compte Facebook. « A côté de ces particuliers innocents, il y a la pression de ceux qui ont intérêt à cacher de vraies condamnations antérieures ».

D’une façon plus large, « les fiches de la NSA, c’est vous qui les créez et les mettez à jour ! »

Aujourd’hui, le bloggeur est soumis aux mêmes règles que le journaliste professionnel. « Il s’est vite rendu compte qu’il pouvait être attaqué ».

« Quant aux plateformes, on ne peut pas considérer qu’elles sont neutres puisque nous leur cédons nos droits. Elles se sont arrogé les droits d’exploitation commerciaux de nos contenus. Ces acteurs dits techniques sont en fait des éditeurs ». « Le métier de ces gens est de commercialiser des data ». « Ce sont eux qui ont écrit les textes de droit ces dernières années ». « Hadopi est la conséquence logique de l’impasse du contrôle de ces intermédiaires ».

« Il y a une forme de collusion entre l’Etat et les services marchands ». « Le citoyen se fiche de tout ça en France. En Allemagne, les affaires Wikileaks ou Snowden ont fait scandale, pas chez nous ».

Benjamin Bayard, ancien président de FDN, « militant pour la neutralité du net » reste attaché à la liberté d’expression dans toute son ampleur. « Je suis responsable de ce que je dis. Mais pas le fournisseur d’accès ou le réseau. La loi française offre une vision féodale du droit » en rendant les intermédiaires responsables de ce qu’ils diffusent. « En fait qui cherche à contrôler ? Tous ceux remis en cause dans leur pouvoir : les politiques, les éditeurs de musique, les grands médias. »

« Facebook n’est éditeur que parce qu’il se permet de censurer ».

De toutes façons, « si c’est gratuit, c’est que vous êtes la marchandise !  Le but de Facebook n’est que de satisfaire ses annonceurs et ses profits marketing. »

Pour Benjamin Bayard, la rupture sociétale introduite par Internet est aussi marquée que celle apportée par l’écriture. « Peut-on continuer à être dirigé par des gens qui ne savent ni lire ni écrire ? »

Mais, ce devrait être le « rôle de la puissance publique d’intervenir pour contrôler les grandes plateformes techniques. Or, ces dernières dépensent à Bruxelles des fortunes en lobbying pour qu’il n’y ait pas de régulation. » « Le seul moyen de rendre le réseau incontrôlable serait de faire sauter les gros rassemblements de données ». Heureusement « dans certains pays, Facebook décroît. C’est un signe de maturité. La société construite sur le numérique est très jeune. Elle évolue ».

 

Propos rapportés par Philippe Loquay

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