Nous publions à partir d’aujourd’hui une série d’articles consacrés aux élections législatives en France au travers des rédactions des médias locaux. Premier volet, TV7 Bordeaux.         Le premier tour des législatives s’est caractérisé par une abstention record. Pourtant pour Thierry Guillemot, directeur d’antenne à TV7 Bordeaux, la politique est importante : « c’est ce qui nous permet lire la suite

Nous publions à partir d’aujourd’hui une série d’articles consacrés aux élections législatives en France au travers des rédactions des médias locaux. Premier volet, TV7 Bordeaux.   

     La rédaction s’intéresse aux spécificités de chacune des circonscriptions. Photo scoop.itLe premier tour des législatives s’est caractérisé par une abstention record. Pourtant pour Thierry Guillemot, directeur d’antenne à TV7 Bordeaux, la politique est importante : « c’est ce qui nous permet de vivre ensemble », explique-t-il. Il s’agit donc plus que jamais de donner des clés de compréhension aux téléspectateurs au cœur d’une élection qui, avec l’apparition du mouvement LREM, remet en question les étiquettes politiques.

« On essaie de rendre intéressant ce qui est important »

TV7 se définit comme la seule télévision girondine se consacrant exclusivement au régional ; le sujet des législatives à cette échelle la touche donc d’autant plus qu’il n’est que peu traité par les chaînes nationales.
En période de campagne, la rédaction s’intéresse donc aux spécificités de chacune des circonscriptions, décrypte leurs enjeux avec l’aide du politologue Jean Petaux, donne des outils de compréhension pour susciter l’intérêt des citoyens. Pour montrer l’impact de leur vote, le lien est aussi fait avec l’échelle nationale.
Pour toucher un maximum de girondins, TV7 s’allie également avec d’autres médias, comme par exemple autour de débats ou de soirées électorales organisés avec Sud-Ouest. « Je pense qu’on peut avoir une vraie complémentarité », souligne Thierry Guillemot « je trouve ça vraiment intéressant comme expérience éditoriale ».

La soirée électorale

Les journalistes de TV7 et de Sud-Ouest étaient ainsi mobilisés pour soutenir le rythme de la soirée électorale du premier tour. Le plateau de TV7 a ouvert l’antenne vers 19h30 en compagnie de Jean Petaux et de Bastien Lauqué pour annoncer les résultats après leur communication par la préfecture ; en parallèle, sur un autre plateau à Sud-Ouest, des invités politiques les débattaient, les commentaient. « On a 4h de direct, jusqu’à 23h30 » explique le directeur, « c’est un enjeu technique, il faut remonter les résultats, les transformer en infographie ». Le lendemain des élections sont diffusées des émissions spéciales, avant d’enchaîner sur les traditionnels débats de l’entre-deux-tours, puis sur la seconde soirée électorale qui verra se répéter l’organisation du 11 Juin.
Il faut rappeler que le travail fourni durant ces soirées est assez différent de celui de la période de campagne : il s’agit alors davantage d’un travail d’investigation.

Politiciens et médias en période de campagne

Thierry Guillemot travaille chez TV7 depuis le 7 Juin 2001, date de sa création. Il a donc pu constater, depuis 16 ans, les évolutions de la ville de Bordeaux et de ses habitants, mais également de sa politique. Comme il le rappelle, « les enjeux changent ».
Le directeur a également été spectateur de mutations au niveau des relations entre politiciens et médias : « il y a une évolution, une tendance des politiques qui est de vouloir s’abstraire des médias […] Pas tous, mais beaucoup ont cette tentation de faire l’économie des journalistes ». Certains candidats misent donc sur la communication, qui a connu « un développement de pertinence, de compétences, car beaucoup de moyens ». Quand le journaliste est souvent seul pour effectuer un travail de recherche détaillée et trouver l’information, eux disposent en effet d’une équipe nombreuse.
Le directeur se dit cependant « ravi » que les candidats se rendent à TV7 pour débattre. Il s’agit de sa mission principale en période de législatives : « on crée un endroit où le débat démocratique, l’échange d’idées peut avoir lieu de la meilleure manière qui soit », en sachant que les candidats en ont besoin pour faire passer leurs idées. Une fois cet espace d’échange créé, il s’agit de diffuser au mieux ce qu’il s’y passe, en expliquant aux girondins que les problématiques abordées les concernent directement.
Pour remplir ces missions, quatre des six journalistes de la rédaction se consacrent quasiment exclusivement à la couverture des législatives. Leur travail en amont est primordial : travail d’investigation, vérification de l’information, prise en compte de leur « propre subjectivité », autant de démarches au cœur de la profession du journaliste pour fournir une information objective et respectueuse de certaines contraintes.

La réglementation de la télévision

Pour Thierry Guillemot, le média qu’est la télévision est extrêmement riche et multiplie les possibilités, mais toujours avec un temps et des moyens limités. Face aux multiples contraintes imposées par le CSA en matière d’équité et de temps de parole, TV7 a dû faire des choix et n’a pu traiter que quatre des douze circonscriptions. Sans cette surréglementation du traitement des législatives, « on aurait pu en faire plus », s’avance le directeur. Pas question pour lui de supprimer toute règle ni de dénigrer le travail du CSA, mais il souhaiterait tout de même plus de liberté pour les journalistes. « C’est à nous d’assumer nos choix éditoriaux. […] Cette règlementation-là n’est plus à la mesure du développement des médias ».
Depuis 2001, Internet et les réseaux sociaux ont pris de l’ampleur. Par opposition à la télévision, ils ne connaissent pas de règle, sont certes vecteurs d’information mais véhiculent également les
fake news, comme nous en avons eu l’exemple avec certains tweets de Donald Trump. « On se dit que ça va permettre aux journalistes de retrouver leur fonction, qui est de vérifier l’info, mais il faut avoir les moyens de le faire. » En mettant l’accent sur ce point, Thierry Guillemot souligne que les journalistes ne peuvent pas se contenter de dénoncer les fake news que l’on trouve sur le web sans remplir, derrière, leur fonction d’informateurs.
Le directeur de TV7 s’est d’ailleurs battu pour que se multiplient les médias et les informations : « les inconvénients d’un excès de presse seront toujours moindres que les inconvénients d’un déficit de presse », conclut-il , « la garantie de bonne santé d’une société, c’est que les idées s’échangent, que les faits circulent, que l’info circule. Ça veut dire qu’on n’est pas replié sur soi. » Photo scoop.it

                                                                        Hélène Dieulot, stagiaire au Club, étudiante à Sciences Po Bordeaux


    
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