La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) ouvre le 2 novembre, avec l’appui des Nations-Unies, de l’UNESCO et de tous les syndicats mondiaux de la profession, une Journée pour obtenir que les crimes contre les journalistes soient systématiquement poursuivis. « Menacés, attaqués, battus, emprisonnés et tués, rappelle la FIJ, de nombreux journalistes paient chaque année de leur lire la suite

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) ouvre le 2 novembre, avec l’appui des Nations-Unies, de l’UNESCO et de tous les syndicats mondiaux de la profession, une Journée pour obtenir que les crimes contre les journalistes soient systématiquement poursuivis.

« Menacés, attaqués, battus, emprisonnés et tués, rappelle la FIJ, de nombreux journalistes paient chaque année de leur vie leur engagement en faveur de la liberté d’information et de la démocratie. À l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, la FIJ lance sa campagne annuelle pour demander aux gouvernements de mettre fin à l’impunité et dénoncer l’éternel maintien en liberté des donneurs d’ordre.

L’impunité se produit lorsque les États ne sanctionnent pas les crimes commis contre les travailleurs des médias, notamment le harcèlement physique et en ligne, les menaces, les attaques, les arrestations arbitraires et les meurtres. Mais ce n’est pas tout. L’impunité se produit également lorsque ceux qui ont ordonné ces crimes restent libres et demeurent au pouvoir alors que d’autres sont utilisés comme boucs émissaires.

Cette année, nous portons notre attention sur cinq pays où les niveaux d’impunité menacent gravement la liberté des médias: le Yémen, l’Inde, la Russie, le Mexique et la Somalie. »

Le choix du 2 novembre pour une journée mondiale de lutte a été fixé à la date anniversaire de la mort de deux journalistes français en mission au Mali, Ghislaine Dupon et Claude Verlon, le 2 novembre 2013.

Réduire l’impunité

Alors que les crimes contre les journalistes restent largement impunis – selon l’ONU, seul un crime sur dix aboutit à des condamnations -, la Fédération note avoir récemment enregistré « de bonnes nouvelles et quelques cas historiques de meurtres de journalistes ont été résolus. »

« Aux Philippines, justice a enfin été rendue avec la condamnation des responsables du massacre de Maguindanao. Le 23 novembre 2009, 32 journalistes avaient été tués dans l’attaque la plus meurtrière jamais perpétrée contre les médias. A Malte, des individus impliqués dans l’assassinat brutal de la journaliste Daphne Caruana Galizia ont été arrêtés, tandis que le commanditaire présumé du meurtre fait l’objet d’une procédure pénale.

En Somalie, le procureur général a désigné un procureur spécial pour enquêter sur les meurtres de journalistes, une preuve manifeste d’une volonté d’en finir avec l’impunité. Du côté de la Colombie, la justice a condamné dans un verdict historique les responsables des menaces, du harcèlement et de la torture psychologique subis par la journaliste Claudia Julieta Duque et a obligé l’Etat colombien à lui verser une compensation. »

Ces exemples encourageants de victoires contre l’impunité prouvent que les gouvernements peuvent réduire les niveaux d’impunité dans leur pays s’ils ont la volonté politique nécessaire pour le faire. Cependant, les cas positifs sont rares et il reste encore beaucoup de travail à accomplir.

La FIJ, aux côtés de ses affiliés partout dans le monde, annonce qu’elle continuera « à suivre et à couvrir les enquêtes sur chaque journaliste tué, où qu’elles se produisent, et à pousser les autorités à rendre justice. Parce que l’impunité est un passeport pour justifier encore plus de violence et d’attaques contre nos collègues. Au nom de nos camarades assassinés, de la sécurité et de l’avenir du journalisme: dites non à l’impunité! »

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Documents

En France, le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a réuni sur son site des documents à l’appui de cette journée :

« L’UNESCO et les Pays-Bas avaient prévu de tenir la Conférence mondiale sur la liberté de la presse du 22 au 24 avril à La Haye. Cependant, en raison de la crise du COVID-19, la conférence a été reportée et se tiendra les 9 et 10 décembre 2020 dans un format mixte en ligne/en personne. Ce sera une célébration conjointe de la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai) et de la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité pour les crimes contre les journalistes (2 novembre).

Comment renforcer le rôle des acteurs du judiciaire, en particulier des procureurs, pour enquêter sur et poursuivre les crimes et les attaques commis contre les journalistes ? Le 10 décembre, une session en ligne intitulée « Renforcer les enquêtes et les poursuites pour mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes » tentera de répondre à cette question, en partenariat avec l’Association internationale des procureurs. »

Historique

Texte du Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres :

« En décembre 2013, lors de sa 68e session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution intitulée « La sécurité des journalistes et la question de l’impunité » (A/RES/68/163), qui a proclamé à la date du 2 novembre la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date de cette journée internationale a été choisie en mémoire de deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali. Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande, en outre, aux États de promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.

Si nous n’assurons pas leur protection, il nous sera extrêmement difficile de rester informés et de prendre des décisions fondées sur l’analyse des faits.  Si les journalistes ne peuvent pas faire leur travail en toute sécurité, nous perdons un rempart important contre la pandémie de désinformation et de mésinformation qui se propage en ligne.  »

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres

Le saviez-vous ?

  • 495 journalistes ont été tués entre 2014 et 2018, soit un accroissement de 18 % des assassinats de journalistes par rapport aux cinq années précédentes.
  • 131 cas de meurtres de journalistes ont été résolus depuis 2006. 88 % des meurtres enregistrés depuis 2006 n’ont pas été élucidés.
  • Les journalistes subissent aussi d’autres attaques, telles que des agressions physiques, des enlèvements, des disparitions forcées, des emprisonnements et des tortures.
  • L’évolution des menaces contre la profession montre que le harcèlement en ligne affecte de manière disproportionnée les femmes journalistes.
  • La Syrie est le pays le plus dangereux pour les journalistes, suivi du Mexique et de l’Afghanistan.
  • La région des États arabes, l’Amérique latine et les Caraïbes, ainsi que l’Asie et le Pacifique enregistrent plus des trois quarts des homicides contre des journalistes.

Source : UNESCO 2019

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