C’est un bel exemple de « résistance » dans le paysage actuel de la presse. Ouest-France, premier quotidien national, a beaucoup investi ces dernières années dans le numérique. Et, parallèlement, le journal a continué à développer le papier.  Une stratégie, particulièrement intéressante, qui peut être un modèle pour les autres quotidiens régionaux. Eric Bullet, rédacteur en chef délégué à lire la suite

Eric Bullet, rédacteur en chef de Ouestfrance.frC’est un bel exemple de « résistance » dans le paysage actuel de la presse. Ouest-France, premier quotidien national, a beaucoup investi ces dernières années dans le numérique. Et, parallèlement, le journal a continué à développer le papier.  Une stratégie, particulièrement intéressante, qui peut être un modèle pour les autres quotidiens régionaux. Eric Bullet, rédacteur en chef délégué à l’information numérique à Ouest-France, nous en a dévoilé les coulisses vendredi au colloque d’Aqui sur le numérique

Ouest-France a véritablement pris le virage du numérique en 2007. Un accord multimédia avec les partenaires sociaux a été alors signé avec les partenaires sociaux. « On a précisé qu’à terme, on ferait de la vidéo pour être sur Internet, mais qu’on restait un journal à proprement parler », raconte Eric Bullet, rédacteur en chef délégué à l’information numérique à Ouest-France. Les choses se sont faites progressivement. Aujourd’hui, le site de Ouest-France a atteint une audience mensuelle de 17 millions de visites par mois. C’est le premier de la presse quotidienne régionale. Les 530 journalistes du quotidien régional sont tous hyper-connectés. Equipés d’Iphone, ils doivent eux-mêmes monter de petites vidéos sur leur téléphone. Ce sont de courtes vidéos de 40 secondes, avec deux plans et une déclaration. « On a développé une appli, avec légendes, titres et un système de montage simple sur Iphone. Au total, 40 vidéos par jour sont postées par la rédaction », précise Eric Bullet. « En 2006, nous étions à 200 breaking news par semaine. Aujourd’hui, nous en sommes à 300 par jour. Depuis deux ou trois ans, on fait vidéo. Avec Le Télégramme, cette concurrence du scoop est sur le Web », poursuit-il.

A Ouest-France, les journalistes filment et montent avec leur Iphone

Le site est comme un portail, avec des informations du terrain. Chacune des 61 rédactions de Ouest-France anime sa page. Elles doivent publier deux à trois Dernière Minute d’Actualité (DMA) sur leur page, jusqu’à vingt articles quotidiennement, ouvrir des forums, mettre des vidéos relatives à la ville ou à la commune en question. Les contenus doivent être distincts entre papier et Web. Il faut que l’information soit unique et jamais réchauffée, afin d’éviter tout risque de cannibalisation. Les deux supports doivent être complémentaires. Dans chaque département, il y a un adjoint multimédia. « Les pages locales représentent 40% de l’audience du site. C’est notre force pour l’avenir. On insiste beaucoup là-dessus auprès de nos rédactions », souligne Eric Bullet. Ouest-France compte aujourd’hui 500 000 abonnés papier et 11 000 numérique. L’abonnement numérique coûte 15 euros par mois, et 2 euros de plus par mois pour les abonnés « papier ».

Les correspondants aussi doivent s’adapter au public numérique

« Sur la formation, on a d’abord fait du basique, on a commencé par faire un sondage pour savoir qui maîtrisait et qui ne maîtrisait pas. Sur 530 journalistes, une centaine de journalistes savaient utiliser l’outil. Nous avons alors fait des groupes de niveau avec des formations plus ou moins longues, afin que personne ne se sente laissé de côté ou en difficulté », révèle Eric Bullet. Le public  numérique est un peu plus jeune, un peu moins fidèle que celui de la presse papier. « Il faut faire de la pédagogie pour atteindre les paysages ruraux mais ça ne m’inquiète pas, dans les campagnes, quand les gens ont la 3G, ils sont très sensibles au web, très connectés, les schémas ne sont pas aussi prévisibles qu’on pourrait le penser », observe-t-il. A ce titre, Ouest-France a demandé à ses 2 500 correspondants de se préoccuper de sujets qui parlent vraiment à ces nouveaux lecteurs, comme comment occuper leurs enfants avec le changement de rythme scolaire… « Il faut s’adapter au lectorat d’aujourd’hui, c’est vital pour nous, les chantiers ne sont jamais finis », rappelle Eric Bullet.

De lourds investissements aussi sur le papier

Pour autant, le papier n’est pas abandonné, loin de là. Rappelons que Ouest-France, c’est 767 000 exemplaires, 2 millions de lecteurs, 12 départements couverts, 53 éditions et un petit prix, 0,85 euros. « On a créé 13 éditions ces 5 dernières années, on croit vraiment qu’il faut être plus proche de nos lecteurs. On a aussi investi dans des rotatives, pour remplacer des plus anciennes installées en 1972 », indique Eric Bullet, rédacteur en chef délégué à l’information numérique à Ouest-France. D’ailleurs, l’édition du dimanche continue de progresser et est désormais la première de France. Elle est devenue à la fois thématique et locale, à la demande des lecteurs. « Nous allons continuer à investir dans le papier. Là où on avait deux éditions autrefois, on en a 5 ou 6 désormais, banlieues, zones urbaines ou péri-urbaines »,  conclut-il. Un modèle à suivre…

Nicolas César

Le site : http://www.ouest-france.fr

2 responses to “Journée AQUI ! > Ouest-France, premier quotidien national, mise sur le numérique… et le papier

  1. Oui, le site est assez innovant !

    Ce qui, selon Les Clés de La Presse n’empêche un plan de réduction d’emploi:

    Ouest France planche sur un plan de départs volontaires
    Le diagnostic de Louis Echelard, vice-président du groupe Ouest France, est sans appel. Comme il l’explique dans un entretien aux Clés de la presse, « la baisse conjointe de nos diffusions et de nos recettes publicitaires, qui s’ajoute à la hausse des coûts de l’énergie et du papier, nous oblige à revoir nos organisations ». Si les activités numériques sont en progression, elles ne suffisent pas à enrayer un effet de ciseau qui engendre une forte dégradation des résultats économiques du quotidien comme de l’ensemble du groupe. Pour mémoire, Spir communication a annoncé une perte de 34 millions d’euros pour le seul premier semestre 2013.
    lire:
    Les Clés de la Presse

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